Le 26 mars 2019
- Scénaristes : Benoît Peeters, Sylvain Dos Santos
- Dessinateurs : Andi Watson, Ptiluc, Kalon, Yami Shin
- Editeur : Glénat, H2T
- Festival : Livre Paris 2019
2019 nous a offert une nouvelle édition du Salon du Livre, ou doit-on plutôt dire Livre Paris maintenant ?
Un bon cru ? Sans doute.
En tout cas, plusieurs événements intéressants. Entre autres, sur la scène BD, comics et manga dédiées à... la BD, les rencontres se sont enchaînées tout le week-end, donnant tout d’un coup à Livre Paris un petit goût de festival BD.
Résumé : Petit tour d’une demi-journée sur la scène BD, Comics et Manga de Livre Paris 2019.
Sur l’après-midi de dimanche, voilà un aperçu de ce à quoi nous avons eu droit lors de cette nouvelle édition de Livre Paris :
Une première conférence mettant en scène Benoît Peeters, Dominique Petitfaux et Andy Watson pour faire un point sur le roman graphique aujourd’hui. Avec un titre ronflant sur les Postures et impostures du roman graphique.
Photo : David Neau
La ribambelle d’intervenants présents à la conférence dédiée au roman graphique
Le plaisir d’écouter Benoît Peeters nous raconter le roman graphique, le graphic novel, arrivé presqu’en même temps, les caractéristiques qui s’en dégagent, la posture marketing initiale qui a lancé ces noms, et les échanges nourris avec Dominique Petitfaux ont été un régal. L’avis d’Andi Watson, son point de vue d’auteur ont permis à la conversation de rebondir et d’avancer. Même si, en conclusion, il ressort que ce roman graphique est aujourd’hui une notion un peu fourre-tout.
On pourrait se poser la question : est-ce bien la peine de garder cette dénomination, ce genre qui n’en est pas vraiment un ? De débattre de ce qu’elle englobe ou n’englobe pas ?
Finalement, le roman graphique, c’est une forme de BD qui a vécu un temps, et qui s’est dissout dans la BD car cette dernière s’est maintenant élargie et est sortie de cette simple case BD enfants à laquelle il fallait opposer une dénomination de BD plus mûre, plus adulte. La fin de cette dualité BD adulte et BD jeunesse montre peut-être que le roman graphique a fait son temps.
D’autant plus que la question du roman graphique jeunesse a été soulevée !
Le débat sur ce sujet est lancé et peut continuer longtemps...
S’ensuivit une présentation d’auteurs français de manga. Hé oui, étaient présents les auteurs Kalon (VS Fighting Story), Sylvain dos Santos (Marble Gen), Yami Shin (Green Mechanic), et l’éditeur de H2T Mahmoud Larguem.
Photo : David Neau
De gauche à droite : Mahmoud Larguem, Sylvain Dos Santos, Kalon et Yami shin
Présentation des œuvres, du parcours, ou plutôt des parcours car chaque auteur est arrivé de manière différente à ce métier d’auteur de manga. Même si le Club Dorothée semble une bonne base qui a fait découvrir l’anime à toute une génération.
Chacun nous explique sa méthode de travail, qu’il fasse tout lui-même ou qu’il travaille avec scénariste et story-boarder, qu’il adapte un anime ou qu’il crée une histoire complète, on est quand même à des durées de moins d’un an pour faire un tome. Mais on parle quand même de tome de cent-quatre-vingt pages !
Sont évoquées les écoles de dessin et de manga, par lesquelles aucun des auteurs présents n’est passé, normal, elles n’existaient pas à leur époque. Pas plus que les écoles de BD plus européennes.
Alors quel avenir pour le manga en France, ou plutôt pour le manga français ? Quand on parle de rentabilité de cette niche à l’heure actuelle, personne n’a de réponse claire. Des auteurs, ça peut se comprendre, de l’éditeur, c’est plus étonnant. Ce qui peut laisser penser que le marché n’est pas florissant et que le combat n’est pas encore gagné pour ces nouveaux auteurs.
Pour la troisième rencontre, Jacques Glénat arrive sur scène et raconte son parcours à l’occasion de ses cinquante ans de carrière ! Un demi-siècle.
Et il s’en est passé des choses en un demi-siècle. Si on calcule, c’est donc en 1968 que Jacques Glénat se lance dans le métier. L’année de la révolution et des pavés cachant la plage, un petit français monte au créneau et deviendra – il ne le sait pas encore à l’époque – un des poids lourds du secteur de l’édition de BD.
Photo : David Neau
Jacques Glénat et Didier Pasamonik
Jacques Glénat, aidé de Didier Pasamonik, revient sur sa carrière. Présenté comme initiateur de la BD historique (avec des séries comme Les passagers du vent, Les sept vies de l’épervier...), du manga en France (avec Akira, Dragonball...), de la BD ésotérico-historique (avec Le troisième testament...), de séries multi-auteurs (avec Le décalogue...), révolutionnaire de la BD jeunesse avec Titeuf, exportateur de la BD hors des librairies avec comme point de vente Carrefour, et peut-être même pionnier du roman graphique, Jacques Glénat nous présente une sacrée carrière !
Il a rencontré Franquin, Peyo et d’autres légendes de la BD. Bref, il s’en est passé des choses dans sa vie. Des succès mais aussi des flop, comme la première sortie d’Akira, le développement de certaines filiales à l’internationale, les tentatives de vendre de la BD européennes au Japon...
Il est intéressant de découvrir un parcours, avec ses hauts et ses bas. Peut-être manquait-il un petit peu de recul étant donné l’amitié qui liait l’animateur et l’invité mais les photographies nous montrant Glénat au côté de Franquin jeune, toute cette ambiance de l’époque nous rappellent aussi qu’il y a un côté historique à cette carrière.
Comme le dit Jacques Glénat lui-même, « Presque tous les auteurs que j’ai côtoyé à l’époque, sont aujourd’hui morts. »
Sur cette note un peu triste, c’est un auteur bien vivant qui prend le relais pour la dernière intervention de l’après-midi, Ptiluc.
C’est une interview-dessin. Pendant qu’il réalise un dessin de grande taille, Ptiluc répond aux questions posées.
Photo : David Neau
Ptiluc amorce son feutre Posca
Notons que parfois, il s’arrête, car il est techniquement compliqué de parler dans le micro tendu sous votre nez pendant que vous dessinez sur le mur !
Ce fut l’occasion de découvrir, si vous ne le saviez pas, que Ptiluc est sorti de la décharge de Pacush blues pour travailler avec Bernard Swysen sur une BD relatant la vie de Hitler ! Rien que ça. La BD reste toujours animalière. Comme le dit l’auteur. « J’ai casté mon acteur préféré, le rat, et il convenait au rôle alors je l’ai engagé ! »
Ptiluc débarque donc avec ses Posca, énormes feutres de graffer, comme il nous l’explique, qu’il faut amorcer avant de les utiliser. Tant mieux, ça laisse le temps pour une ou deux questions.
Et c’est parti ! D’une main, un Posca, de l’autre un pinceau et l’artiste se lance sur le papier blanc, mélangeant habilement les deux techniques en direct pour le plus grand plaisir des yeux.
Photo : David Neau
Ptiluc habile des deux mains !
La magie du dessin opère, et en même temps, on apprend que Ptiluc voyage beaucoup, à moto ! Partir trois ou quatre mois à l’étranger avec dans ses sacoches le strict minimum et aussi quelques planches et de quoi dessiner, et le voilà taillant l’asphalte, le sable, la terre pour découvrir d’autres pays, d’autres cultures et rencontrer aussi des gens d’ailleurs ! Car s’il trouve l’humanité en collectivité assez imbuvable, lorsqu’il retrouve lors de ses voyages des hommes et des femmes, il se rend compte que l’humain au singulier est généreux. Belle conclusion !
Photo : David Neau
Le dessin final, et son auteur !
Notons que sur les trois premières conférences dont nous vous avons parlé, un dessinateur était présent et illustrait les propos tenus de quelques dessins humoristiques qui étaient diffusé sur l’écran en alternance avec les photos et les présentations écrites.
Photo : David Neau
Le dessinateur à l’œuvre
Voilà ce que vous pouviez découvrir en une demi-journée au salon du livre. Sachant qu’en parallèle de cette scène BD, il y avait d’autres scènes, dans le désordre, Young Adult, Polar, Jeunesse, Science pour tous, Coulisses de l’édition... Plus les rencontres sur les différents stands, et sans oublier la grande scène. Si avec tout cela, vous ne trouviez pas votre bonheur dans ce salon, c’est que vous n’aimez pas vraiment la littérature écrite ou dessinée !
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