Le 24 mai 2018
- Scénariste : Jim>
- Dessinateur : Jim
- Coloristes : Delphine, Jim
- Editeur : Grand Angle
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 4 avril 2018
- Durée : 3
Le Livre trois de Une nuit à Rome nous donne l’occasion de retrouver Raphaël quelques années après le premier cycle. Le futur quinquagénaire va traverser une crise importante, une crise qui va soulever beaucoup d’interrogations.
Résumé : Raphaël voit passer les années et tente, pour ses cinquante ans, de revoir Marie dans cette nuit à Rome qu’ils s’étaient promise la nuit de leur quarante ans. Mais comme le disait le vieux philosophe Grec : Assis sur la berge, ce n’est pourtant jamais le même fleuve que l’on voit couler devant soi.
Jim nous revient donc – joie - avec un pari difficile – angoisse - : reprendre les deux héros d’un cycle achevé, rouvrir une porte que lui et nous croyions refermée pour toujours. Et nous les rendre à nouveau attachants, humains, en un mot, vrais, avec pourtant dix ans de plus au compteur.
Énorme difficulté que Jim parvient à surmonter. On se retrouve entraîné dans la vie de Raphaël, et on est même étonné de mettre un pied dans celle de Marie.
La belle et intrigante femme qui restait énigmatique et mystérieuse dévoile un peu de son existence. En quelques cases, un tableau se brosse, une vie se dessine, des relations, un passé et surtout un futur. Nous apprenons ce que Raphaël n’a sans doute jamais su de son amour d’antan à laquelle, pourtant, il ne cesse plus de penser. Quelle ironie ! Et si le temps semble avoir plus épargné Marie que Raphaël, tout ceci nous le rend encore plus attachant, avec ces cheveux blancs en pagaille, avançant à l’aveuglette.
Ce jeune homme de cinquante ans qui refuse de voir les années passer, qui fuit l’âge et sa vie dans la recherche de cette passion passée, tout en pressentant que rien ne sera comme dix ans auparavant, qui se perd au milieu d’anciens amis et nouveaux camarades, immortalise à lui seul la marque du temps. Inexorablement, seconde après seconde, année après année, Raphaël vieillit. Qu’il l’accepte ou le refuse ne changera rien à cette évidence. Tous ses amis autour de lui ont vieilli également. Quelles sont leur vies aujourd’hui ? Comment ont-ils évolués ? Autant de questions auxquels Jim apporte par petites touches des éléments de réponse. Mais autant de questions qui ne parviennent pas à masquer le fait le plus crucial de ce récit.
Comme Raphaël et Marie, seconde après seconde, année après année, nous avons vieilli aussi. Leur réactions, différentes par rapport à ce constat, nous renvoient aux nôtres.
Où étions-nous il y a dix ans ? Où serons-nous dans dix ans ? Et nos proches, famille, amis, où seront-ils dans dix ans ?
Ce n’est plus le récit de retrouvailles folles et d’une course derrière une idée absurde et incroyablement romantique, il s’agit juste, avec ce nouveau cycle, d’accepter l’écoulement du sablier, et de se préparer à saluer celle qui va arriver bien trop vite autour de nous jusqu’à se rapprocher de plus en plus. La grande faucheuse. Celle qui, à chaque seconde passée, fait un pas de plus vers nous. A moins que ce ne soit nous qui fassions un pas de plus vers elle. « Est-ce que la mort nous fuit ? Est-ce que la mort nous suit ? » disait la chanson.
Ce premier opus pose ce problème à ses protagonistes : Comment gérer la mort qui plane ? Le second tome de ce nouveau cycle devrait nous apporter les réponses qu’ils trouveront – ou pas -.
Et toujours l’impeccable dessin magique de Jim et les belles couleurs de Delphine.
Finalement, sommes-nous plus que ce lampion de fortune, appelé inéluctablement à se consumer dans les airs ?
Jim gagne son pari, les retrouvailles fonctionnent à merveille. Il réussit car le fond de ce récit déplace le thème initial vers quelque chose de plus grave, de plus lourd, et parvient à nous tenir en suspens, nous laissant dans l’attente de la conclusion de ce nouveau diptyque. Avec cette crainte face aux événements à venir pour les protagonistes, qui nous dit que nous aurions peut-être dû laisser Raphaël et Marie vivre leur vie à la fin du cycle précédent, bon an mal an, sans avoir plus de leurs nouvelles, plutôt que de les retrouver face au drame latent qui les enserre aujourd’hui. Mais pourtant, c’est un tel plaisir de les retrouver... Finalement, quelle plus belle réussite pour un auteur que de parvenir à nous distiller ce sentiment trouble et paradoxal ?
On ne peut que saluer un si bel album. Et attendre avec joie et angoisse la conclusion à venir...
104 pages – 18,90€
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