Cris et chuchotements
Le 30 novembre 2008
Beau mélodrame, sobre et subtil, sur un sujet qui aurait pu entraîner les pires excès. Par l’auteur de Beijing Bicycle.
- Réalisateur : Wang Xioshuai
- Acteurs : Liu Weiwei, Zhang Jia-yi
- Nationalité : Chinois
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h55mn
- Titre original : Zuo you
- Date de sortie : 26 novembre 2008
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– Festival de Berlin 1988 : Mention Prix du Jury œcuménique
– Pula Film Festival 2008 : Meilleure actrice pour Lan Weiwei
L’argument : Mei Zhu (admirable actrice Liu Weiwei) et Xiao Lu ont divorcé et se sont chacun remariés. Ils gardent des contacts cordiaux de par la présence de leur petite fille, qui vit avec sa mère et son beau-père. Une maladie grave chez l’enfant, nécessitant une greffe de moelle osseuse, et impliquant un membre de la famille compatible, provoque un dilemme chez l’ancien couple : peuvent-ils (et doivent-ils ?) concevoir un nouveau bébé, futur donneur, pour sauver la fillette, quitte à mettre en péril leur nouvelle vie conjugale ?
- © Sophie Dulac Distribution
Notre avis : Voilà un très joli film certes classique (et dans certaines séquences académiques) mais qui évite tous les pièges du sentimentalisme et de la sensiblerie. La distanciation et les ellipses voulues par l’auteur permettent d’échapper à un premier degré qui aurait étouffé le propos : la visite de la nouvelle femme qui fait connaissance de la petite fille de son mari, ou les gestes maladroits de Mei Zhi et Xiao Lu dans le hall de l’appartement loués sont autant de moments de grâce et de retenue ; on songe à Ozu pour l’art de conter les marasmes familiaux dans des groupes sociaux qui gardent une sérénité. Pour autant, Wang Xiaoshuai assume la carte du mélodrame et les pleurs des parents face à leur enfant mourante font écho à ceux des conjoints rongés malgré eux par une jalousie qui les culpabilise, la vie d’une fillette étant en jeu. Le cinéaste retrouve ici l’envolée lyrique et dramatique de son sous-estimé Shanghai Dreams. Sans doute les deux plus belles scènes sont-elles celles du « gag » du téléphone portable non verrouillé, à l’origine de la découverte d’une conversation révélatrice d’un secret.
Les films sur les enfants malades sont difficiles à réaliser. Du larmoyant L’Arbre de Noël à la néoréaliste Môme Xiao, toute une palette a été possible, le sommet ayant été atteint par Le Petit prince a dit de Christine Pascal, en 1992. Wang Xiaoshuai se hisse presque à cette hauteur, en greffant la problématique de la famille recomposée et du couple. Le drame cornélien qui en résulte s’adresse à (et mérite) un large public.
– Bande-annonce de Une famille chinoise
- © Sophie Dulac Distribution
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