Le 5 mai 2004
Une histoire forte qui manque parfois de concision et de rythme.
L’histoire d’un amour aveugle et désespéré qui rouvre les blessures, vaine tentative de faire vivre une passion imaginaire. Une histoire forte qui manque parfois de concision et de rythme.
Etienne, intellectuel ténébreux, nègre à ses heures et théoriquement écrivain, est sur le point de se séparer de sa compagne quand surviennent des appels anonymes. Au bout du fil, un souffle qui l’obsède... Mylène, sa voisine, vit avec son grand fils qui tente de gérer ses absences, sa douce folie. Séduite par la silhouette d’Etienne courbé sur ses manuscrits devant sa fenêtre, elle l’espionne, lui téléphone sans parler, juste pour entendre sa voix. Elle se construit un amour imaginaire, jusqu’à la rencontre, et l’amour dévorant qu’elle va lui porter.
C’est une histoire d’amour absolu mais qui reste irréel, même dans sa concrétisation. Mylène projette sur Etienne ses attentes, opposant à son indifférence un amour égal et patient, jusqu’à l’étouffement. Elle ne demande pas grand-chose, Mylène. Juste être là, avec lui. Elle tolère tout, ne demande ni attention ni estime, juste la permission de se tenir, encore, aux côtés de celui qu’elle a choisi. Soumise à tous ses désirs, elle ne lui montre que ce visage passif et assoiffé d’amour qui ne parvient qu’à l’effrayer, à l’agacer, à le faire fuir. Mylène a construit sa vie sur les ruines d’un premier amour dont la cruauté l’a laissée vide, seule, sans plus aucune estime de soi. Elle ne peut montrer d’elle que cette soif désespérée d’être aimée, effrayante, condamnée d’avance à l’échec, et Etienne, incapable de voir en elle ce qui pourrait se réveiller et se reconstruire, ne peut que la faire tomber un peu plus. "Tant pis si c’est faux, dit Mylène, puisque c’est beau." Tant qu’on lui donne la possibilité d’y croire, même un tout petit peu, elle s’accroche à son mensonge et tente, désespérément, d’aimer pour deux.
Le personnage de Mylène, dans son abnégation désespérée, sa douceur fêlée, cassée, souffrante, parvient à toucher et à nous introduire dans cette histoire, après un début qui laisse un peu extérieur. Des longueurs, parfois, font perdre de l’intensité au récit. Restent des personnages touchants qui, chacun à sa manière, tentent de recoller les morceaux en se perdant, souvent, un peu plus.
Brigitte Smadja, Une éclaircie est annoncée, Actes Sud, 2004, 288 pages, 19,50 €
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