Under Pressure - la critique du film

Critique : Au premier abord, difficile de bien cerner Under Pressure. Vendu comme un thriller à la fois tendu et cool, tenu par la star Ryan Reynolds, le film n’embrasse jamais ce que la promotion promettait. Anna Boden et Ryan Fleck, responsable de l’extrêmement touchant Half Nelson, s’indiffèrent d’inscrire leur film dans une rythmique classique plus percutante et accrocheuse pour le spectateur. D’une manière léthargique le scénario prend vie dans un contexte irréel, presque anachronique, comme si les États parcourus par notre duo de losers s’étaient perdus dans les années 70 et n’en étaient jamais ressortis. Rien ne semble avoir bougé dans ces petites contrées paumées et leurs casinos aux couleurs chaudes dérangeantes et mensongères, lieux de perdition pour les accros du jeu et autres fauchés financièrement. Loin de la grandiloquence et de l’hystérie que l’inconscient collectif peut attribuer à ce genre d’endroits, ces temples du vice s’accordent avec la tonalité maussade et désespérée de l’ambiance générale d’un film si intimiste et mutique qu’il en devient anti-spectaculaire.

Copyright : Condor Entertainment

Rarement un coup de couteau dans le ventre n’avait sonné aussi dérisoire que celui asséné à Gerry dans le premier quart d’heure du film. Comme déconnecté de la situation, ce joueur maladif et endetté jusqu’à l’os profite bien peu de la vie pour y accorder une importance particulière. Qu’importe que son travail soit morose, que sa bookmaker lui mette la pression, qu’il n’ait aucune relation avec sa fille, il déambule dans les casinos et les bars sans but, trouvant dans son manque d’argent et de chance le moyen de se défiler face à ses responsabilités ou même ses rêves. Curtis, son acolyte, ne vaut guère mieux derrière son charisme et son phrasé charmeur. Chacun trimbale sa carcasse de loser, pour des raisons différentes, jusqu’à se rencontrer et développer une amitié forcée par le besoin de Curtis d’être entouré et de se sentir utile (et apprécié). Parce qu’Under Pressure ne s’implique pas émotionnellement dans ses personnages, un détachement étrange se produit avec le spectateur. On ne déteste pas ce duo, mais on ne l’adore pas non plus, prédominant essentiellement une peine calme et lourde. Peu de fois les mots trouveront sens dans la psychologie de Gerry et Curtis, preuve une nouvelle fois de la finesse pudique du travail de Ryan Fleck et Anna Boden, à la puissance cachée par la distance affichée entre eux-mêmes et leurs personnages. Cette maturité confine même à la grâce, notamment lors de la seule scène majeure avec Gerry et Vanessa (magnifique Analeigh Tipton), une prostituée (et/ou strip-teaseuse) candide, tissant une relation éphémère dont la pureté rappelle les films de Drake Doremus, en particulier le sublime Breathe In. Dommage dès lors pour Under Pressure de ne pas chercher à s’extraire de son road movie sous anesthésie, lent sans être long, mais bien trop enclavé à ses deux personnages principaux.

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