Un air de famille
Le 19 juillet 2017
Ce beau conte féministe, courageux eu égard à la censure des autorités iraniennes, a aussi la grâce du cinéma réaliste iranien.
- Réalisateur : Behnam Behzadi
- Acteurs : Ali Mosaffa, Sahar Dolatshahi, Alireza Aghakhani, Setareh Pesyani, Roya Javidnia
- Genre : Drame
- Nationalité : Iranien
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 1h24mn
- Titre original : Varoonegi / Inversion (titre international)
- Date de sortie : 19 juillet 2017
- Festival : Festival de Cannes 2016
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Résumé : La pollution de l’air de Téhéran a atteint son niveau maximal à cause de l’inversion. Niloofar, une femme de trente-cinq ans, tient un atelier de couture et vit avec sa mère. Elle retrouve un ancien amant au moment où les médecins disent qu’il faut que sa mère quitte Téhéran en raison de ses problèmes respiratoires. Sa famille veut que Niloofar accompagne sa mère mais la jeune femme va aller à l’encontre de ce souhait...
Critique : Professeur de cinéma à l’Université des Arts de Téhéran, Behnam Behzadi réalise avec Un vent de liberté son troisième long métrage. Le scénario part d’un phénomène environnemental propre à Téhéran (et à maintes grandes villes) : la pollution, qui engendre des effets nocifs dans de nombreux domaines. Les personnes âgées de Téhéran atteintes de maladies respiratoires subissent ainsi une pression gouvernementale, médicale et familiale, pour partir vivre en milieu rural. Mais là n’est pas le thème central du récit, qui préfère se focaliser sur le portrait touchant d’une jeune femme profondément humaine (comme souvent dans le cinéma iranien), et victime elle-même des préjugés et de la domination de son entourage. Célibataire et active dans sa vie professionnelle, Niloofar n’en est pas moins considérée comme un être ne méritant pas un statut égal à celui d’une femme mariée et mère de famille. Sa sœur et son frère la considèrent comme une éternelle mineure, décidant pour elle des changements dans son existence. Un temps, Niloofar accepte un compromis, à savoir déménager avec sa mère dans le nord de l’Iran tout en gardant la propriété de son atelier qu’elle retrouverait à l’occasion de déplacements ponctuels dans la capitale. Mais lorsqu’elle découvre qu’on veut la déposséder de son outil de travail et de tout un pan de son identité sociale, la révolte devient inévitable.
Également auteur du scénario, Behnam Behzadi y a greffé une subtile trame romanesque qui dévoilera un autre aspect de l’aliénation subie par Niloofar. Le film est un beau conte féministe, courageux eu égard à la censure des autorités iraniennes, et qui au détour de certaines séquences n’est pas sans évoquer L’amour d’une femme, que Jean Grémillon avait réalisé en 1953 avec Micheline Presle. Mais y on décèle surtout la grâce de tout un cinéma naturaliste iranien qui a été particulièrement fécond depuis Abbas Kiarotami ou, plus récemment, Asghar Farhadi, même si le film se situe un cran en-dessous de ceux de ces grands cinéastes. L’œuvre doit en tout cas beaucoup à ses interprètes : Sahar Aghakhani est aussi émouvante que Leila Hatami dans Une séparation ou Taraneh Alidoosti dans Le client ; et la jeune Setareh Hosseini dans le rôle de la nièce a de troublants faux airs de Golshiftey Farahani.
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