Un taxi pour trois

Une histoire efficace montrant un Chili sans faux-semblants.

L’argument : Lorsque Ulises, chauffeur de taxi à Santiago, se retrouve contraint de devenir le complice de deux délinquants un peu fêlés, il s’embarque dans une histoire dont il perd très vite la maîtrise. En découvrant en l’argent facile le moyen d’honorer les traites de sa vieille Lada, il mène jusque dans sa très honnête famille les deux crapules. Seulement, lorsque vient le moment de faire marche arrière, il est déjà trop tard...

Notre avis : Récompensé par la Concho de Oro au festival de San Sebastian et du prix du meilleur scénario à la Havane en 2001, Un taxi pour trois est sans conteste une réussite de comédie noire. Servie par des acteurs aussi drôles que touchants, dont les personnages gagnent en profondeur au fil d’une histoire efficace et remarquablement bien mise en scène, le film montre un Chili sans faux-semblants, où la réalité de la pauvreté côtoie le quotidien coloré de la vie à Santiago. A travers un fait de société banal dans les banlieues de la ville tentaculaire, l’œuvre d’Orlando Lübbert détend autant qu’elle dénonce, dans une fresque du Chili moderne vue d’une Lada pourrie. Un taxi à prendre, la course en vaut le détour.

Coup d’œil : Cette histoire de braquage de taxi n’est pas née de l’imagination d’Orlando Lübbert, mais d’histoires entendues. Dans les bas-fonds de Santiago, les quartiers de tôle aux routes cahoteuses, cette pratique est courante. Ainsi, la première phrase du film, "Le volant ou le coffre ?", qui installe les deux malfrats dans la Lada, est souvent utilisée pour faire d’un homme son chauffeur... Ulises n’est donc sûrement pas le premier à vivre ce genre d’aventure.