Un faux livre - La chronique BD

Anciennes gravures, comics usés et bande dessinées obsolètes, la matière était déjà là. Le but : les détourner, pour les rendre ironiques, drôles ou déjantés. Dialogues ubuesques, références notables et humour noir rythment donc les pages de ce faux livre, qui possède cette subtilité ou grossièreté que l’on peut retrouver dans la culture geek de certains sites. Attention, l’humour nazi ou pédophile peut choquer quelques âmes sensibles, mais l’ensemble reste très soft et plutôt bien pensé, les blagues borderline étant le plus souvent évitées de justesse ou seulement cantonnées sur une case. Les anciens westerns sont bien revisités, les caricatures raciales qui étaient la norme il y a moins d’un siècle n’ont quasiment pas besoin de dialogues pour exploser, les gravures moyenâgeuses corrigées par l’argot des cités : tout cela se lit sans heurts, d’une traite ou au coup par coup. C’est sans se prendre au sérieux que chaque planche passe, sans message politique ni délire esthétique, que tout s’enchaîne.

© Delcourt

Pour ce qui est du graphisme, l’auteur annonce la couleur : il n’est pas un vrai graphiste, au sens où dessiner, ce n’est pas son truc. D’autres l’ont fait avant lui, avec brio ou ridicule, il y a pas mal de temps. L’auteur s’appuie ainsi sur une manne historique sans précédent, choisissant les éléments qui lui paraissent appropriés pour les détourner en une planche, un mot ou une phrase. Le côté vieillot, rétro voire vintage pourra cependant être apprécié par plus d’un amateur, soucieux de redécouvrir le style des comics des années 1950, 40 voire 30. Du graphisme, il y en a donc, rien d’original, mais un côté décalé et un regard sur le passé véritables.

© Delcourt

Recueil de détournements de bande dessinées, de comics revisités et de gravures modernisées, Un faux livre possède un humour spontané et pour le coup vraiment original, bien dans son temps et son époque, et pourrait devenir le pilier d’une génération.