Le 27 juillet 2021
Une comédie pétillante qui met en perspective la psychanalyse et la révolution culturelle à l’œuvre en Tunisie. Ce premier film décline un point de vue original et parfois provocateur sur la rencontre interculturelle entre une Française d’origine tunisienne et le pays de son enfance.
- Réalisateur : Manele Labidi
- Acteurs : Golshifteh Farahani, Majd Mastoura, Aïcha Ben Miled
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Date télé : 12 octobre 2022 20:55
- Chaîne : Arte
- Date de sortie : 12 février 2020
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Résumé : Après avoir exercé en France, Selma, 35 ans, ouvre son cabinet de psychanalyse dans une banlieue populaire de Tunis. Au lendemain de la Révolution, la demande s’avère importante dans ce pays « schizophrène ». Mais entre ceux qui prennent Freud et sa barbe pour un frère musulman et ceux qui confondent séances tarifées avec "prestations tarifées", les débuts du cabinet sont mouvementés… Alors que Selma commence enfin à trouver ses marques, elle découvre qu’il lui manque une autorisation indispensable pour continuer d’exercer…
Critique : Selma et son oncle parlent du portrait d’un homme âgé, barbu qu’on pourrait assimiler sans se tromper à un musulman. En réalité, il s’agit d’un homme mort depuis longtemps, juif, et que Selma, cette toute jeune psychanalyste parisienne, qualifie comme son patron. Cet homme, surmonté d’un chapeau maghrébin, c’est évidemment Freud en personne. Car Selma vient de quitter la capitale, avec pour projet d’ouvrir un cabinet à Tunis. L’aventure semble passionnante, mais force est de constater que la culture psychanalytique n’est pas des plus appréciées dans ce pays qui se targue d’être à l’abri de la souffrance psychique.
- Copyright Diaphana Distribution
On voit souvent au cinéma les rapports contrariés entre les générations issues de l’immigration et les dits Français "de souche". Le problème est souvent lié aux questions de banlieue, de discrimination et de pauvreté. Cette fois, Un divan à Tunis emprunte le point de vue inverse, à savoir le regard que portent les Tunisiens sur une jeune femme qui décide de venir habiter dans le pays de ses parents. Les habitants ne comprennent pas ce qui la pousse à quitter Paris, vécue encore dans les représentations comme un Eldorado, où la liberté sexuelle et sociale est complète. La réalisatrice Manele Labidi, dont c’est le premier film, connaît bien les deux cultures. On peut aisément imaginer que son prochain long-métrage traitera de la critique de la société française, à travers le regard d’un migrant, tant elle excelle dans cette comédie parfaitement satirique, où elle décrit la société tunisienne, à la fois en pleine révolution politique et intellectuelle, et toujours hantée par une police corrompue, un gouvernement autoritariste, des administrations sclérosées et des conservatismes religieux.
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Car la psychanalyse ne va pas de soi dans ce pays magnifique. La plupart des patients, qui se livrent à cet exercice de la confidence sur le divan, ont des attitudes défensives, ce qui ne surprendra aucun psychologue digne de ce nom. Si celles-ci dominent dans les premiers entretiens, la suite laisse petit à petit place aux tourments intimes. Le scénario va vite, peut-être trop vite, passant de la méfiance des personnes à une adhésion totale. En fait, la réalisatrice préfère décrire les impossibilités administratives qui pèsent sur un pays, confiné dans ses certitudes idéologiques ou culturelles. La jeune héroïne est en effet menacée de fermer son cabinet, car elle doit obtenir au préalable une autorisation par le ministère de la Santé. Elle se fait persécuter par un policier plus qu’indélicat, qui joue les Javert du fameux roman de Victor Hugo.
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Le spectacle demeure globalement plaisant. Le long-métrage pèche parfois dans l’excès ou la caricature sociale. Mais il faut saluer le courage de la réalisatrice qui dénonce un pays totalement paralysé par une administration et une police réactionnaire, en proie à la montée des fondamentalismes religieux. Pourtant, un vent d’espoir souffle à travers ce récit, qui démontre qu’il est possible de vivre heureux et de trouver un sens à son existence dans un pays émergent, et surtout que le printemps arabe n’a pas fini de siffler son formidable appel à la liberté.
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