Le 5 septembre 2016
Film d’action sans temps mort et gentiment ironique, Un cri dans l’océan garde toute son efficacité et son charme. Mineur, mais très plaisant.
- Réalisateur : Stephen Sommers
- Acteurs : Famke Janssen, Djimon Hounsou, Kevin J. O’Connor, Treat Williams, Jason Flemyng, Cliff Curtis, Anthony Heald, Wes Studi
- Genre : Aventures, Action, Épouvante-horreur
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h46mn
- Box-office : 320 672 entrées France
- Titre original : Deep Rising
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 24 juin 1998
Résumé : Finnegan, aventurier et mercenaire au long cours, sillonne la mer de Chine aux commandes du "Saipan", une vieille vedette qu’il loue fréquemment a des contrebandiers et petits trafiquants sans trop s’interroger sur les intentions de ses clients. C’est ainsi qu’une nuit Finnegan, son second, et le mécanicien tombent aux mains de leurs passagers métamorphosés en un commando armé jusqu’aux dents. Leur but : investir, dévaliser et torpiller l’"Argonautica", un luxueux paquebot croisant dans les environs.
Critique : Un paquebot en pleine célébration, comme dans Poséidon, une vedette avec des tueurs caricaturaux, une voleuse de haut niveau, un propriétaire véreux, des armes en veux-tu en voilà, un héros et une énorme bête, tout cela en pleine mer et de nuit. Unité d’action, de temps et de lieu : on est presque dans une tragédie, sauf que c’est un film d’aventures et de monstre, débridé, sans complexe, une série B explosive.
Le film date de 1998 et les effets spéciaux sont par moments rudimentaires (Sommers fera mieux avec La momie l’année suivante) : le monstre tentaculaire a quelque chose d’inabouti, et les séquences les plus intéressantes sont celles où il apparaît partiellement, ou celles où il est hors-champ. Mais le cinéaste, qui n’a d’autre ambition que de faire passer un bon moment, n’hésite pas à le montrer abondamment, le faire surgir de n’importe où à la manière d’un Alien du pauvre.
Certes, on peut regretter le manque d’ambition mais ce serait se tromper de combat : tout ici est dirigé vers la distraction, les commentaires décalés comme les séquences d’action qui s’enchaînent sans temps morts. Alors, de ce spectacle naît une sorte de vertige : partout la menace, partout la lutte pour survivre ; Finnegan, le héros bourrin auquel Treat Williams prête ses traits et son interprétation sans finesse, est une sorte de héros malgré lui, qui sauve d’abord son coéquipier des griffes du méchant terroriste ; puis la belle Famke Janssen (et elle le sauve également) dans une lutte sans fin, comme un précipité d’adrénaline. C’est peu dire que ça ne s’arrête jamais, puisque même les dernières images s’ouvrent sur un nouveau danger (danger qui ne sera pas exploité dans une suite, Sommers déclarant que la série Lost lui avait piqué l’idée).
Haletant, le film l’est assurément, et c’est de cette particularité qu’il tire tout son charme ; on ne peut néanmoins s’empêcher d’y voir la description d’un monde, proche, toutes proportions gardées, de celui de Predator : des gros bras fétichistes des armes, outrageusement virils et homophobes, se font ratatiner malgré leur artillerie. Ils connaissent la peur, la souffrance et périssent dans des scènes relativement gore. Y voir une contestation de l’armement à outrance est sans doute excessif, mais il y a une moquerie perpétuelle, une ironie sous-jacente vis-à-vis de ces durs de durs qui, inévitablement, justifie et rend jouissive leur punition. Pour autant, aucun personnage n’est tout blanc : Finnegan a bien accepté une mission pour l’argent, Trillian est une voleuse, le propriétaire du navire veut toucher l’assurance, etc. C’est un petit monde pourri, lesté de toute valeur, qui s’affronte et se confronte à une méchanceté supérieure, venue des profondeurs – et la psychanalyse n’est pas loin, avec un « ça » en embuscade.
Si Sommers n’est pas un cinéaste inventif (on est loin de McTiernan), il a un solide sens de l’action et, avec l’aide de ses monteurs, impose un rythme trépidant mais pas frénétique au film ; de même privilégie-t-il la lisibilité des scènes d’action, ce qui est devenu rare ; en ce sens, Un cri dans l’océan est un peu « old school », ce qui ajoute à son charme bien réel. Si le film avait été un grand succès, sans doute aurait-on eu des suites et la réplique fétiche du héros (« Quoi encore ? ») serait devenue « culte » ; telle quelle, cette aventure unique de Finnegan garde un charme décontracté malgré l’accumulation de cadavres, et se laisse encore voir avec plaisir.
- © 1998 Cinergi Pictures Entertainment Inc et Hollywood Pictures. Tous droits réservés.
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Frédéric Mignard 6 septembre 2016
Un cri dans l’océan - la critique du film
L’un de mes pires souvenirs cinéma des années 90... Kitsch. Je passerais bien le reste de ma vie sans le revoir celui-là... Merci pour la critique, on l’avait quand même oublié.