Critique : Un cadeau particulier est la onzième pièce de Didier Caron, qui endosse plusieurs costumes (auteur, metteur en scène, et comédien), menant une carrière inscrite dans la pérennité, sans pour autant s’affranchir de nouveauté. Ce texte n’est pas sans rappeler, selon son point de départ explosif, la pièce Le prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (2010). Ici, ce n’est pas un prénom qui est source de querelles, semblables à des salves verbales entre amis, plutôt un cadeau, vraiment particulier. Celui-ci va semer une zizanie vaudevillesque dans un dîner d’anniversaire entre des gens qui s’entendent depuis toujours, mais dont les masques vont tomber pour nous laisser assister à des aveux en cascade. L’image que l’on a de soi est souvent fausse, lorsqu’elle est passée au révélateur du regard des autres.

Cet anniversaire s’annonçait pourtant pour le mieux entre Eric, cinquantenaire triomphant voire arrogant, sa femme Sabine, et Gilles, son meilleur ami dans la vie et aussi le co-gérant d’un site de rencontres avec lui. On ne dévoilera pas la nature du cadeau spécial pour lequel Gilles semblait être sûr de faire mouche, mais qui va provoquer des escarmouches jubilatoires entre les trois protagonistes. Gilles a une réputation de célibataire endurci et il va être l’annonciateur d’un cataclysme familial aux yeux de son ami. Sabine, elle, est loin d’être simple spectatrice atterrée de leur débat enflammé sur la pertinence ou l’impertinence de ce cadeau. Elle est au contraire partie prenante de leur querelle : en effet, même si cette dernière est souvent éclaboussée à ses dépens, elle sait aussi être une avocate affirmée du droit au bonheur.

Assurément, Un cadeau particulier est une pièce qui emballera. Didier Caron nous propose un anniversaire jouissif. Il n’est pas bon enfant pour ceux qui y sont conviés, mais il constitue un pur plaisir pour nos zygomatiques.