Le 26 mars 2008

Découvrez le film de la semaine, La zona, un thriller gonflé à la noirceur d’autant plus bouleversante qu’elle revêt un caractère social insupportable. Un choc !
La vague de gauche unique au monde qui traverse en ce moment l’Amérique latine - exacerbée par les USA et leur politique sécuritaire post-11 septembre, et la mondialisation agressive en marche depuis les années 90 - se met formidablement en scène cette semaine dans La zona, un pamphlet mexicain (le Mexique, pays par ailleurs dirigé par un conservateur !).
Cette dénonciation bouleversante des disparités entre les riches et les pauvres, du fossé qui s’accroît inexorablement entre ces deux groupes aux antipodes, écartant systématiquement les nécessiteux de la croissance, prend les atours d’un conte d’anticipation cruel. On y découvre une société ghettoïsée où les nantis en viennent à se parquer dans des quartiers-forteresses, régis par des lois et des règles élitistes, qui ne laissent aucune chance aux indigents, pour le coup, complètement déshumanisés.
Le réalisateur Rodrigo Pla se penche sur l’impunité des tout-puissants à une époque où les populations commencent à se méfier des outrances économiques de ces années d’excès (les scandales des parachutes dorés, les licenciements en série au sein de compagnies bénéficiaires, l’affaire de la Société Générale, l’ impuissance des gouvernements face à l’économie en roue libre...) et s’apprêtent à payer le prix d’une récession que l’on annonce sans précédent aux USA depuis 1945.
Dans un tel contexte, le regard désespéré et incompréhensif de l’adolescent traqué de La zona, est bouleversant. Au bord du calvaire, broyé par un monde qui refuse de le prendre en considération pour protéger ses intérêts, lapidé par une société qui continue d’exploiter la misère pour faire fructifier ses gains (cf. les manifestations anti-Renault en Roumanie cette semaine), l’adolescent découvre l’enfer au paradis et illustre magnifiquement le déterminisme social dans lequel certains aveugles aiment bien se réconforter. N’entend-on pas parfois que la délinquance serait inscrite dans les gènes ?
Il va sans dire qu’il s’agit là de notre chouchou de la semaine.