Le 9 mai 2023
Long, trop long, souvent complaisant, Un an, une nuit ressemble à un tableau clinique du stress post-traumatique dans une mise en scène et un montage étonnamment sensationnalistes.
- Réalisateur : Isaki Lacuesta
- Acteurs : Bruno Todeschini, Quim Gutiérrez, Nahuel Pérez Biscayart, Sophie Broustal, Noémie Merlant, Natalia de Molina , Alba Guilera
- Genre : Drame
- Nationalité : Espagnol, Français
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 2h10mn
- Titre original : Un año, una noche
- Date de sortie : 3 mai 2023
- Festival : Festival de Berlin 2022
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Résumé : Le soir du 13 novembre 2015, Ramón et Céline, un jeune couple, assistent au concert du Bataclan. Ils réchappent à l’attaque terroriste, mais ne parviennent pas à reprendre une vie normale. Tandis que Céline cherche désespérément à oublier cette nuit cauchemardesque, Ramón se repasse inlassablement les événements dans la tête, comme pour trouver un sens à l’horreur. Pourtant, ils doivent désormais affronter la même question : comment surmonter l’épreuve et se tourner de nouveau, ensemble, vers la vie ?
Critique : Revoir Paris mettait récemment en scène le tableau subtil d’une victime des attentats de Paris, étreinte par la culpabilité d’avoir survécu. Cette fois, Isaki Lacuesta s’attaque au même sujet mais sur un versant plus frontal, à travers un couple de trentenaires qui s’étaient retrouvés, comme d’autres jeunes de leur génération, le soir du concert tragique dans la salle du Bataclan. Les deux amants ont survécu. Céline, elle, semble avoir vécu le drame plus en retrait, étant apparemment parvenue à s’échapper de la tuerie terrible ; Ramón, lui, a subi l’attaque de plein fouet, une arme devant le visage. Le garçon et la fille vivent le traumatisme chacun à sa manière, et tentent de se reconstruire dans un avenir qu’ils espèrent familial et amoureux.
- Copyright Bambú Producciones
Un an, une nuit se heurte à une véritable problématique dans le traitement et la mise en scène. En effet, le réalisateur, au lieu d’opter pour une représentation mesurée et digne du traumatisme, s’engage dans un récit assez exubérant où il accumule les effets de style. Les ralentis, le montage très vif, les mélanges temporels et la montée des tensions dans le couple concourent à une vision mélodramatique pour un sujet qui en soi est tragique et choquant. Le souci demeure peut-être dans le fait que le réalisateur espagnol parle d’un évènement à partir de son regard d’étranger. Il ose ainsi décrire de l’intérieur la tragédie des attentats parisiens, alors qu’en réalité, il en fabrique un roman à la limite du spectaculaire où les évènements rajoutent en grandiloquence à l’horreur elle-même des attentats du Bataclan.
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L’autre souci demeure la longueur. La fiction se tire dans des dialogues interminables ou des scènes dont on se demande si elles apportent beaucoup à la complexité des personnages. En réalité, on comprend très vite que le traumatisme n’est pas forcément le plus fort chez celle ou celui qui l’exprime le plus. La fin confirme cette intuition et le spectateur ne comprend pas pourquoi la réalisation se perd dans des atermoiements narratifs. Le format du long-métrage fait même craindre une forme de complaisance dans le drame psychologique dans lequel se débattent les deux amants. Et, de façon plus maladroite, finalement, quand la mise en scène n’abuse pas des effets de style, des coupures du montage, des jeux de lumière, tout le long-métrage se transforme en un portrait poussif et clinique du post-traumatisme. Même l’interprétation des deux comédiens principaux finit par épuiser le spectateur qui n’y voit que des cris et des postures parfois un peu caricaturales.
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Bref, si intellectuellement on a en effet tort de comparer Un an, une nuit au brillant et touchant Revoir Paris, il n’empêche que la proximité de sortie des deux films accentue la confusion. Le long-métrage d’Isaki Lacuesta est décevant à la hauteur de l’enthousiasme pour le film d’Alice Winocour. On ne retient que les longues scènes de dispute, les excès dans la mise en scène dignes d’un film d’action et absolument pas d’un récit psychologique, avec le sentiment que le réalisateur est passé à côté de son sujet.
- © Studiocanal
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