Rechercher le soleil au milieu de la nuit
Le 11 mai 2005
La beauté des non-dits au service d’une œuvre subtilement émouvante. Bouli Lanners, chapeau !


- Réalisateur : Bouli Lanners
- Acteurs : Vincent Lecuyer, Hélène de Reymaeker
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge

L'a vu
Veut le voir
– Durée : 1h23mn
– Le site du film
La beauté des non-dits au service d’une œuvre subtilement émouvante. Bouli Lanners, chapeau !
L’argument : Avec ses deux collègues, Dimitri, 25 ans, vend des maisons clé-sur-porte. Contemplatif et largué dans un environnement dénaturé, il s’ennuie. Les rumeurs qu’il laisse courir sur son étrange passé vont intriguer Jeanne et pousser Cathy à le rencontrer.
Notre avis : : Nous attendions avec impatience le premier long métrage de Bouli Lanners, remarqué pour ses nombreux seconds rôles, notamment dans Un long dimanche de fiançailles et Atomik circus. Mais nous n’imaginions pas une telle claque. D’un contexte a fortiori déprimant, il parvient à enregistrer sur bobine l’absurdité du quotidien pâlot de la Wallonie avec des paysages vastes et des personnages tristes, tellement tristes qu’ils menacent à chaque instant de s’éteindre.
Dimitri, le protagoniste, a une vingtaine d’années, parle avec une voix très douce et observe le monde dans lequel il vit. Sans rien dire. Il simule l’inertie pour attendre la flamme qui illuminera sa vie. Le film paraît tellement simple et minimaliste que certains risquent de lui reprocher sa trop grande évidence. Pourtant, il est constamment en état de grâce, toujours dans le vrai, avec des personnages finement observés, qui traînent une mélancolie communicative dans le sens le plus "bélatarrien". Ces âmes en détresse attendent secrètement l’amour, mais sont si réservées qu’elles peinent à dire ce qu’elles ressentent au plus profond (voir la scène poignante entre Dimitri et ses parents).
L’émotion naît du rapport que le spectateur établit entre ce qui aurait pu se passer et les relations manquées, les mots non dits. Entre ce qu’il voit et ce qu’il imagine. Sacrifiant autant à la gravité dramatique qu’à l’humour surréaliste, Ultranova résonne comme un grand cri d’amour qui puise sa force dans les petits riens qui font les grands tout. Et l’œuvre est d’une beauté si discrète qu’elle émeut aux larmes.