Le 17 septembre 2018
- Acteur : Maria Schneider
- Auteur : Vanessa Schneider
- Genre : Cinéma
- Plus d'informations : Le site officiel
Maria Schneider a brûlé la vie par les deux bouts. Sa cousine lui rend un hommage people.
Résumé : « Tu étais libre et sauvage. D’une beauté à couper le souffle. Tu n’étais plus une enfant, pas encore une adulte quand tu enflammas la pellicule du "Dernier Tango à Paris", un huis clos de sexe et de violence avec Marlon Brando. Tu étais ma cousine. J’étais une petite fille et tu étais célèbre. Tu avais eu plusieurs vies déjà et de premières fêlures. Tu avais quitté ta mère à quinze ans pour venir vivre chez mes parents. Ce Tango marquait le début d’une grande carrière, voulais-tu croire. Il fut le linceul de tes rêves. Tu n’étais préparée à rien, ni à la gloire, ni au scandale. Tu as continué à tourner, mais la douleur s’est installée. Cette histoire, nous nous étions dit que nous l’écririons ensemble. Tu es partie et je m’y suis attelée seule, avec mes souvenirs, mes songes et les traces que tu as laissées derrière toi. Ce livre parle beaucoup de toi et un peu de moi. De cinéma, de politique, des années soixante-dix, de notre famille de fous, de drogue et de suicide, de fêtes et de rires éclatants aussi. Il nous embarque à Londres, à Paris, en Californie, à New York et au Brésil. On y croise les nôtres et ceux qui ont compté, Alain Delon, Brigitte Bardot, Patti Smith, Marlon Brandon, Nan Goldin… Ce livre est pour toi, Maria. Je ne sais pas si c’est le récit que tu aurais souhaité, mais c’est le roman que j’ai voulu écrire ».
Notre avis : Vanessa Schneider est la narratrice des êtres illustres, pas façon Plutarque, plutôt Gonzague Saint Bris : elle en adopte le style, les formules, qu’elle emprunte aussi à n’importe quel rédacteur de la presse people. On n’échappe donc pas aux expertises psychologisantes, quelque part entre le flou impressionniste et l’annonce prophétique ("Tu étais entre les vrais et les faux, dans une zone indéfinie", "Tu as manqué de tous les regards [...]. Tu ne pouvais que devenir comédienne").
Tu t’appelais Maria Schneider se lit comme on feuillette un vieux Voici dans la salle d’attente d’un cabinet médical : sans déplaisir et sans illusion non plus. Juste pour y apprendre le tout-venant des potins qui essaiment au vent des anecdotes. Sur la défunte et sur d’autres célébrités. Ainsi, à l’enterrement, Brigitte Bardot n’avait pas la force d’être physiquement là, mais une lettre la représentait. Alain Delon lui donna une voix et sa présence, "crinière blanche et sourcils plus froncés que jamais". Entre stars, on se doit bien ça. A notre grand regret, Maria Schneider n’en était plus une, depuis longtemps broyée par un film sulfureux qu’elle conserva, malgré elle, comme une rosette maudite : Le dernier tango à Paris, d’autant plus dommageable qu’il le fut aussi pour le cinéma, en tant que navet intégral. Quitte à l’associer à une forme de radicalité artistique, on aurait plutôt souhaité à la jeune actrice de figurer dans l’ultime Pasolini. Mais elle rencontra Antonioni, ce qui n’est pas si mal, bien que sa présence dans Profession reporter n’ait pas éclipsé l’incarnation plus magnétique de Nicholson.
La suite est un chemin de croix qui rappelle tant d’autres destins brisés : sexe, drogues, rédemption tardive, oubli médiatique. A la fin des années 70, l’extrémisme de Marie Schneider n’est plus dans l’air du temps : on lui préfère une nouvelle génération d’actrices sages, telles Isabelle Huppert (c’est ainsi qu’on la voyait à l’époque). La confrontation de deux portraits, dans l’inénarrable Paris Match, s’avère édifiant : alors que la comédienne junkie est sommée de s’amender, sa confrère débutante reçoit une couronne de lauriers. Pourtant, on sait que le vrai scandale est ailleurs et Vanessa Schneider le rappelle à de maintes reprises : la scène brutale de sodomie, point nodal du Dernier Tango, fut tournée à l’insu de l’actrice, Brando et le réalisateur avaient fomenté leur complot, l’écho des indignations se prolongerait au-delà des salles de cinéma. C’était sûr.
Sauf que la jeune femme ne s’en remit pas, jugea toute sa vie qu’on avait organisé une manière de viol. Et tous ceux qui raillaient, dans des blagues grivoises, son goût pour le beurre, à qui elle répondait en serrant les dents qu’elle cuisinait à l’huile d’olive, tous ceux-là apprirent bien plus tard le calvaire enduré par une gamine de dix-neuf ans.
Trop tard. Pour elle, comme pour d’autres membres de sa famille, puisque Maria Schneider était la fille naturelle de Daniel Gélin et d’une mannequin roumaine, donc la demi-sœur de Fiona, autre grande sacrifiée du septième art, autre victime des paradis artificiels. On croise l’actrice lors d’une conversation émouvante avec l’auteur : elle s’accroche au peu qui lui reste de notoriété, se réjouit que TF1 lui consacre un reportage, tandis que la narratrice note lucidement que ce n’est pas, bien sûr, pour parler de ses projets, mais plutôt de ses galères. Ainsi va le Léviathan cinématographique : au soleil de la gloire éternelle, pas de place pour les plus fragiles.
Parution : 16-08-2018
Editions Grasset
256 pages, 140 x 205 mm
- Copyright Editions Grasset
Galerie photos
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