Les nuits fauves
Le 24 novembre 2004
Le livre de la jungle de l’ami Api : à mi-chemin entre apesanteur et inconsistance.
- Réalisateur : Apichatpong Weerasethakul
- Genre : Drame, Fantastique, Expérimental, LGBTQIA+
- Nationalité : Thaïlandais
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 2h00mn
- Festival : Festival de Cannes 2004
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– Avec Sakda Kaewbuadee, Banlop Lomnoi, Sirivech Jareonchon, Udom Promma, Huai Deesom
Résumé : Keng et Tong vivent leur paisible histoire d’amour dans la campagne thaïlandaise. Jusqu’au jour où Tong finit par mystérieusement disparaître dans la jungle...
Critique : Avec Tropical Malady, le cinéaste thaïlandais Apichatpong Weerasethakul offre à son précédent film, Blissfully Yours, un petit frère gigogne, un faux jumeau aux traits symétriques et soigneusement opposés. La limpidité des rayons du soleil de son premier long métrage contre les énigmes au clair de lune de son second ; la sérénité proclamée de l’un, et sa béatitude offerte, contre l’inquiétude de l’autre, malade et fiévreuse. Un virus tropical, qui transforme les rêveries amoureuses en cauchemars obscurs. Le premier film du réalisateur s’allongeait, pour sa part, dans une forêt accueillante afin d’en goûter l’apaisement, entre quelques effluves sensuelles. Tranché en deux, Tropical Malady esquisse d’abord les traits d’une histoire d’amour blottie dans un village, relation pure et naïve, flirtant souvent avec la mièvrerie, où les déclarations se font autour d’un karaoké sirupeux, où les missives enflammées se perdent dans les poches. Mais derrière l’évidence des sourires, la nuit vient apporter son lot de questions. Et le réalisme rural de la première partie bascule alors vers un fantastique nocturne, une légende muette envahie par les chants étranges de la jungle.
Peu de réponses, mais des yeux qui ne se lâchent plus. Qui s’observent, s’épient à distance. L’homme et le tigre sont renvoyés dans les mêmes hautes herbes, reflets inversés dans le miroir homosexuel et narcissique, celui de la maladie tropicale qui s’empare des amants. Vient alors le paradoxe : si la partie nuit s’avère beaucoup plus fascinante que la partie jour, on en reste souvent à une adoration du creux, d’un étrange spectre esthétique et de ses interrogations autour d’un arbre aux lucioles. L’errance et ses habits fantastiques sont ici d’une indéniable cinégénie, mais il reste encore un petit goût d’inachevé dans cette jungle d’énigmes.
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