Le 17 janvier 2007
Une semaine sans grand coup de cœur, marquée par le plantage du nouveau Laurent Boutonnat.
Une semaine sans grand coup de cœur, marquée par le plantage du nouveau Laurent Boutonnat.
Même si Boutonnat démarra sa carrière tout jeunot comme cinéaste, il doit sa notoriété à l’empreinte indélébile qu’il a laissée en tant que vidéaste visionnaire durant l’ère du top 50. Filmant le contemplatif avec une grâce commerciale inédite, le bonhomme allait concilier l’esthétique de l’Est aux exigences fantasmagoriques de l’Occident. Tape à l’œil et pompier pour les critiques de l’époque prompts à mépriser son art du commerce de l’image. Sublime et unique pour un public souvent ignorant de l’existence même des artistes qui lui avaient inspiré son œuvre, Tarkovski ou Wojcieh Has, pour ne citer que les plus évidents. Aussi Giorgino, son premier long de célébrité, a été accueilli par le dédain de l’indifférence. Ce tableau monumental de trois heures, au rythme languissant d’un certain cinéma d’auteur, voulait transcender les arts picturaux, mais ne renvoya Boutonnat qu’à son image de réalisateur de clips, alors que ces derniers affichaient eux-mêmes des ambitions de moyens métrages poético-épiques dignes du septième art. Perdu entre le cinéma et l’exercice spécifique de l’illustration musicale, Boutonnat, contrairement à un David Fincher jadis clippeur pour Madonna) et un Michel Gondry (l’artisan visuel derrière Björk), n’a jamais réussi à convaincre des professionnels peut-être trop enclins à vouloir classer dans des catégories des artistes hors pair qui échappent aux lois du cloisonnement.
Cette semaine Boutonnat revient avec Jacquou le croquant. Une bonne raison d’aller au cinéma et de se défaire de ses préjugés sur les vidéastes ? Malheureusement non, le compositeur attitré de Mylène Farmer n’est plus que l’ombre de lui-même, sabordant un budget copieux pour proposer aux spectateurs un téléfilm luxueux qui fera le bonheur du petit écran dans quelques années. Son revirement vers le télévisuel laid et convenu est surprenant, voire gênant pour un homme dont l’œuvre semble avoir perdu toute démesure cinématographique et qu’on aurait aimé consacrer cinéaste une bonne fois pour toutes. Aussi, plutôt que se fourvoyer dans les salles projetant cette longue série de clichés poussiéreux, autant se concentrer sur le meilleur d’une actualité chargée, mais peu folichonne. Pour vous aider à faire vos choix hebdomadaires, voici trois bonnes raisons de se payer une toile cette semaine :
Raison numéro 1 : Truands ! Une semaine après le nerveux Le serpent, le cinéma français gagne en intensité avec ce polar couillu marqué par le jeu survolté de Philippe Caubère. De la grosse artillerie interdite aux moins de seize ans, nourrie à la testostérone, pour amateurs avertis.
Raison numéro 2 : Congorama ! La comédie que l’on n’attendait pas. Entre humour québécois et délire belge, cette variation sur le thème du colonialisme a le mérite d’exister dans sa singularité et d’offrir à Olivier Gourmet l’une de ses meilleures compositions. Une fantaisie intelligente, quoique confuse, à découvrir par curiosité.
Raison numéro 3 : Cashback ! Le passage du court métrage au long est un exercice périlleux. Sur aVoir-aLire Sean Ellis partage avec cette version longue et clippesque (décidément !) du court qui l’a révélé. Bouffonnerie clinquante et superficielle ou miroir émouvant d’une nostalgie post-adolescente ? En tout cas Cashback ne laisse pas indifférent et mériterait peut-être qu’on se fasse sa propre opinion.
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