Le 16 octobre 2022
L’auteur derrière l’énigmatique titre Trévizac est un passionné d’Histoire avec un grand « H » et cela se sent. De nombreuses références culturelles et régionales permettent d’assurer une immersion complète dans un environnement particulier, en plein cœur du Limousin.
- Editeur : Le Lys Bleu
- Genre : Roman & fiction, Roman
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 23 septembre 2021
- Plus d'informations : Site de l’auteur
Résumé : Trévizac est un roman intimiste qui met en valeur la relation entre parents et enfants. Jean se souvient de son enfance et souhaite rendre hommage à sa grand-mère qui l’a élevé au sein du château de Trévizac dans le Limousin avec une force de caractère et une ligne de conduite incroyable. C’est alors que des évènements bouleverseront Jean et que ce dernier se souviendra de comment son ancêtre aurait réagit.
Critique : Le personnage principal se prénomme Jean. Il s’agit également du narrateur, le petit-fils d’une grand-mère aimante et courageuse… Dans ce récit de vie aux accents dramatiques, le protagoniste se confie sur ses souvenirs les plus tendres.
Authentique et fluide, le texte se découvre avec la même saveur que les grands classiques de la littérature du dix-neuvième ou du vingtième siècle. Avec un « héros » pas si ordinaire et des personnages qui semblent réels, le résultat est à la hauteur.
Mais alors, que raconte Trévizac ? En réalité, il s’agit d’un château, dans lequel vit l’aînée de Jean. Cette vieille dame est vraiment la pièce maîtresse de l’intrigue : elle a accompagné le petit garçon, depuis ses plus jeunes années jusqu’au bout. Dès les premières pages, le lecteur est happé par cet amour qu’éprouve le narrateur pour sa grand-mère. Il se souvient avec douceur de ses amies bourgeoises, puisque l’ancêtre réside dans un lieu historique et intriguant. Parfois, la traversée s’avère émouvante, comme lorsque l’auteur écrit avec justesse l’oubli des anciens, qui restent seuls et isolés pendant les fêtes. Aujourd’hui plus que jamais, surtout en pleine pandémie, des millions de séniors se sont retrouvés totalement exclus des repas de famille et occasions spéciales, qui célèbrent l’union et la vie, tout simplement…
Pourquoi est-ce que Jean vit avec cette dame surprenante ? En réalité, le narrateur n’a jamais connu son papa ou sa maman. Ils sont décédés alors qu’il était adolescent. Son oncle Paul et sa grand-mère ont donc rempli le rôle de parents de substitution.
Dans un registre relativement abordable pour toutes les générations, Trévizac est un roman intimiste qui met un accent fondamental sur la relation entre guide-élève, parent-enfant. Finalement, ce n’est pas parce que la grand-mère n’est pas la véritable mère de sang du héros que l’amour change. Alors qu’il était plus jeune, Jean était sujet aux railleries. En cause ? Son statut, puisqu’il est de descendance noble. Au cours de ses souvenirs, Jean se rappelle les anecdotes que lui racontait celle qui l’a élevé et lui a transmis de valeurs essentielles. Par ailleurs, l’ancienne propriétaire du château Trévizac a connu de grands bouleversements dans sa vie extraordinaire, avec la mort des enfants au front pendant la guerre ou un mari violent… Madame s’est réfugiée dans l’amour qu’elle portait à ses enfants, afin d’échapper aux frappes de son époux.
Veuve avec trois petits sous le bras dans les années trente, la grand-mère a donc rejoint le Limousin pour survivre. Les années défilent, le narrateur grandit aussi et atteint l’âge de 18 ans en 1978. Dans ce milieu résolument conservateur et très attaché au patriotisme français, Jean est amené à rencontrer de jeunes prétendantes lors de rallyes. Ces évènements sont organisés par les parents qui souhaitent marier leurs enfants nobles à d’autres familles riches. Les scènes divertissantes représentent des danses joviales, à l’image de cette mamie excentrique et forte. Malheureusement pour Jean, l’état de santé de cette protectrice va décliner, le jour de ses vingt ans. A la suite de cet incident, les événements se compliquent. Avec une telle perte d’autonomie, il n’est plus question pour elle de vivre sans un soutien médical sérieux.
C’est alors qu’entre en scène un nouveau personnage exceptionnel : Irina, l’infirmière venue d’Ukraine. Tout d’abord froide et peu démonstrative, elle fait preuve d’une loyauté et d’un sens du devoir qui suscitent l’admiration. Pourtant, Jean ne s’entend pas vraiment avec elle de prime abord… L’évolution de leur relation va s’avérer plus importante qu’il n’y paraît.
Alors que Madame vieillit, elle se souvient de rêves étranges au sujet d’endroits cachés, dans son château dont des meubles. Finalement, Jean met le doigt sur un tableau d’exception un authentique Renoir, datant de 1901 dissimulé dans une pièce. La petite fille représentée est celle que l’on aperçoit sur la couverture du roman… Qui est-elle ? Combien vaut ce tableau ? Pour le savoir, il faut lire Trévizac.
Dans cette fiction, nombreuses sont les péripéties et tranches de vie qui donnent du crédit et de la réalité, certains personnages révélant leur véritable nature. Quelques-uns s’avèrent particulièrement détestables, comme la tante Sophie qui accuse Irina de vol, alors que la grand-mère lui offre une bague. Un pur geste xénophobe, du mépris de classe…
Ainsi, le récit aborde des thématiques qui trouvent un écho particulier, peu importe l’époque.
Le livre se dévoile à la manière d’un diaporama tissé avec des mots. Comme des photos décrites avec précision, les phases de l’existence se suivent, se ressemblent, se fracturent et se rassemblent. Le personnage de Jean n’a pas pour vocation de faire rêver. Pour certains, il semble arrogant, pour d’autres, il pourrait même effrayer. Habité par son adorable ancêtre, il n’hésiterait pas à tout sacrifier pour elle.
Son parcours est un itinéraire où le héros évolue, grandit, apprend de ses bêtises. L’intrigue rythmée garantit une lecture divertissante et mystérieuse, qui donne envie de tourner les pages. Elle constitue un bel hommage à celles et ceux qui guident, depuis l’au-delà, comme une preuve fondamentale que la vie ne s’arrête pas à la mort. C’est en se souvenant de ceux qui ne sont plus là que la mémoire perdure : ils poursuivent leur route, d’une autre manière…
248 pages - 19,80€ (broché)
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criss 18 octobre 2022
Trévizac - Xavier-Marie Garcette - critique du livre
Le tourbillon d’une vie où j’ai trouvé ce qui est plus fort que la mort,c’est la présence des absents.
Je recommande vivement !!!