Travis . T.12 . Les Tueurs de fer - La chronique BD

Le Mexique est en ruines, tiraillé entre un gouvernement corrompu qui a fait alliance avec les narcotrafiquants pour évincer un dernier rempart rebelle et progressiste. Pour que l’ONU puisse intervenir, il manque des preuves d’exactions ou d’ingérences. Au cœur de la dernière ville qui résiste, Travis tente de trouver ces preuves, mais les dernières poches de résistance tombent les unes après les autres, tandis que dans la jungle, Vlad Nykri fait tout pour retrouver son ami. Cette belle amitié ne doit pas faire oublier que le sujet est très actuel, car le Mexique de la seconde moitié du XXIème siècle jette un voile pudique sur la situation syrienne de notre première moitié de siècle, où les gens meurent sans que la communauté internationale ne puisse intervenir. Bref, un bon message politique, une diffusion que la science-fiction fait très bien, comme à son habitude. Les amateurs de la série Travis ne seront pas dépaysés de cette atmosphère très cynique, entre multinationales prêtes à tout et milices privées plus puissantes que certains états... Pour ceux qui s’attaquent à ce nouveau cycle, qui a démarré précédemment, la guerre est désormais déclarée, et il y a un petit côté Terminator, avec des robots exterminateurs d’humains qui ont été lâchés dans la jungle, qui ont échappé au contrôle de leurs créateurs qui qui instaurent une ambiance angoissante, avec ce message subliminal que l’homme ne cesse de créer et parfois libérer des choses qu’il ne maîtrise pas vraiment. Du coup, entre les batailles et cette traque, l’action est bien présente et même exemplaire, développant encore la dimension de cette saga.

© Delcourt

Au niveau du dessin, les choses sont simples à résumer : l’empreinte de Christophe Quet est désormais identifiable, reconnaissable et terriblement efficace, avec ces couleurs très vives qui traitent de sujets très sombres, des personnages qui possèdent des visages très sympathiques, mais qui peuvent à tout moment se les faire arracher par un bras mécanique ou une balle sonique. Donc, un contraste assumé et accrocheur, et un univers vivant, puisqu’il accroche autant qu’il laisse songeur, un futur que l’on imagine hélas très bien se réaliser, autant dans l’apparence que dans les codes.

© Delcourt

Le pilote un peu casse-cou a laissé place à un pilote assagi mais toujours aussi idéaliste, qui n’est pas le meilleur au tir mais le meilleur pour partir, pas le meilleur combattant mais le bon bougre attachant. Un Han Solo d’anticipation qui a désormais vécu pas mal de mésaventures et tragédies, mais son partenariat avec le repenti diaboliquement efficace Vlad a redonné vie à toute la série. Par conséquent, ce nouveau cycle devient tout simplement incontournable, une prouesse quand les tomes sont désormais en double chiffre.