Le 8 mai 2024
Un long métrage courageux sur l’homosexualité au Nigeria, avec des accents de romanesque qui donnent au film une tonalité sirkienne.
- Réalisateur : Babatunde Apalowo
- Acteurs : Tope Tedela, Riyo David, Martha Orhiere
- Genre : Drame, Romance, LGBTQIA+
- Nationalité : Nigérian
- Distributeur : Optimale Distribution
- Durée : 1h32mn
- VOD : Univers Ciné
- Titre original : All The Colours of The World Are Between Black And White
- Date de sortie : 8 mai 2024
- Festival : Festival des 3 Continents, Festival de Berlin 2023, Festival Chéries-chéris 2023
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Résumé : Bambino s’est installé dans sa vie de célibataire. Il a un revenu stable grâce à son emploi de chauffeur-livreur à Lagos, et il est apprécié par son voisinage qu’il aide dès qu’il le peut. Alors que les avances de sa voisine le laissent froid, Bambino rencontre le charismatique Bawa, un photographe, qui provoque quelque chose en lui…
LIRE NOTRE INTERVIEW DE BABATUNDE APALOWO
Critique : Lauréat du Teddy Award à la Berlinale et Prix du Jury au Festival Chéries-chéries, Toutes les couleurs du monde est le premier long métrage de Babatunde Apalowo. Cet ancien étudiant ingénieur nigérian avait d’abord souhaité entreprendre un film en hommage à Lagos, sa ville d’adoption, en s’impliquant de l’écriture au montage. Le témoignage d’un camarade d’université l’a incité à réorienter son projet en abordant le thème, tabou dans son pays, de l’homosexualité masculine. Il est d’abord surprenant qu’un tel long métrage ait pu être tourné, sans financement externe, ni autorisations administratives pour les scènes en extérieur, et ce dans un contexte d’homophobie ambiante, avec de surcroît un style intimiste et contemplatif ne correspondant pas aux canons commerciaux de Nollywood. L’existence même de cette œuvre tient donc du petit miracle, preuve que la sincérité et la bonne volonté peuvent contourner bien des entraves. Mais s’il est clair que les bonnes intentions ne font pas toujours les bons films, l’adage ne saurait s’appliquer à All The Colours of The World Are Between Black And White, un titre original se référant à la nécessité d’une ouverture et au refus de catégoriser les personnes en raison d’une unique identité ethnique, d’orientation sexuelle ou à autre dimension.
- © 2024 Optimale Distribution. Tous droits réservés.
Le récit, simple et limpide, permet de suivre le quotidien de Bambino, chauffeur-livreur trentenaire, qui entretient des relations de camaraderie avec Ifeyinwa, une jeune voisine qui souhaiterait s’engager davantage avec lui. La rencontre, au hasard d’une livraison, avec Bawa, passionné de photo, va bouleverser les certitudes du jeune homme et susciter un trouble en lui. Sentiment de dépit de l’amoureuse éconduite, déni de soi-même, regard des autres : on pourrait penser que le scénario aligne les clichés : clichés correspondant d’ailleurs à la réalité, surtout dans un pays où l’homosexualité est passible de quatorze années d’emprisonnement, même si le réalisateur affirme que la loi est là moins pour être appliquée que pour justifier les violences commises à l’égard des personnes LGBT. Toutes les couleurs du monde évite pourtant tous les écueils inhérents au dispositif, en misant notamment sur la communication non verbale entre les protagonistes : un regard d’étonnement face à une montre offerte, un sourire de complicité, une serviette pour essuyer l’ami dans un restaurant en disent plus que des dialogues explicatifs, le tout en plans fixes, avec une musique discrète mais harmonieuse.
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Cela n’est pas sans évoquer la délicatesse de Tout ce que le ciel permet : un ton sirkien imprègne en effet le film, mais on songe aussi à d’autres bijoux du cinéma, tels Maurice et In the Mood for Love. On appréciera par ailleurs la subtilité avec laquelle le réalisateur utilise le cadre spatial et le hors champ. Il a ainsi précisé à notre collaborateur Robin Berthelot : « Les paysages racontent l’histoire tout autant que les personnages. Il y a plusieurs strates : le premier plan et l’arrière-plan. Beaucoup de choses se déroulent dans le fond, elles n’arrivent pas par hasard et sont tout à fait intentionnelles. Quand vous voyez les voisins qui se battent, c’est volontaire, pour montrer une image fidèle de Lagos. Le spectateur doit faire certaines déductions de lui-même, je ne cherche pas à attirer l’œil sur un élément précis. Je préfère laisser à chacun la possibilité de voir ce qui se passe à un plan ou un autre. Je crois que ça permet de mieux construire l’intimité et l’histoire. » Toutes les couleurs du monde a bénéficié d’une diffusion en VOD sur Univers Ciné, avant une distribution en salle à l’initiative d’Optimale.
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