"Elles" word
Le 5 octobre 2010
Deux mamans éprouvées, un papa retrouvé. Combien de possibilités ? La réalisatrice Lisa Cholodenko, servie par deux actrices touchantes et passionnées, tente de répondre à de nouvelles questions de société grâce à une intrigue plutôt fine qui a créé l’événement aux Etats-Unis.
- Réalisateur : Lisa Cholodenko
- Acteurs : Julianne Moore, Mark Ruffalo, Annette Bening, Mia Wasikowska
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Date de sortie : 6 octobre 2010
- Plus d'informations : Le site du distributeur
– Durée : 1h46min
– Titre original : The kids are all right
Deux mamans éprouvées, un papa retrouvé. Combien de possibilités ? La réalisatrice Lisa Cholodenko, servie par deux actrices touchantes et passionnées, tente de répondre à de nouvelles questions de société grâce à une intrigue plutôt fine qui a créé l’événement aux Etats-Unis.
L’argument : Maintenant que Joni a l’âge légal pour accéder à leur dossier à la banque du sperme, son frère et elle décident de retrouver le donneur dont ils sont tous deux issus. Papa-donneur est rapidement séduit par les deux adolescents qui frappent à sa porte.
Spontanément, ils l’invitent à dîner pour la présentation aux parents : deux mamans qui vivent ensemble depuis 20 ans. Mais l’arrivée d’un papa sexy peut causer beaucoup de dégâts...
Notre avis : Si Lisa Cholodenko a choisi pour son nouveau film un titre qui évoque un morceau du même nom composé par les Who, c’est peut-être que les deux œuvres chantent un refrain voisin, celui de l’étouffement au sein d’un couple et des jeux de distance qui peuvent apparaître entre des partenaires de longue date. Point besoin ici de pédagogie : le film récuse d’emblée de traiter la question de l’homoparentalité d’un point de vue politique ou social, mais se concentre sur la cellule familiale à l’écart des prises de position ou des jugements extérieurs (quel que soit l’état des textes juridiques, Nic et Jules se considèrent comme mariées). A cet égard, The kids are all right évite le spectre de la démonstration, pour dérouler un script remarquable de finesse psychologique, propre à capter les oscillations et les hésitations de ses personnages. Si The kids are all right devait trouver son modèle, ce serait sans doute sur le rythme lent et touffu des séries américaines de la nouvelle génération, davantage que dans le mélodrame classique hollywoodien. Les scènes, souvent longues et très ciselées, décrivent avec justesse des sentiments diffus et contradictoires, qui étouffent - séquence finale mise à part - les risques de pathos. On ne peut que saluer par exemple cette gageure d’écriture que sont les séquences de « gêne », où l’humour ne cesse de souligner une situation que tout spectateur reconnaîtra comme authentiquement vécue...
- © UGC Distribution
Malgré son sujet, The kids are all right n’est donc pas à proprement parler un film « militant » sur l’homoparentalité, pas plus qu’il ne se positionne dans la vague du cinéma « queer ». Prendre l’évolution des mentalités comme un fait accompli est un choix audacieux - les mauvaises langues diront hypocrite - de la part de Lisa Cholodenko, mais l’équilibre est plutôt atteint à l’arrivée, grâce à l’engagement que mettent les acteurs dans leurs rôles - y compris ceux de second rang. Le couple central de Nic et Jules en particulier, mené par deux valeurs sûres et largement confirmées (Annette Bening et Julianne Moore), constitue l’un des moteurs les plus efficaces du film. Les retrouver ensemble comploter au magasin de bricolage ou regarder des pornos gays des années 80 offre quelques passages savoureux et où l’on rit franchement... C’est d’ailleurs ce dynamisme imperturbable du casting qui sauve certaines parties de l’intrigue, plus laborieuses que les moments dramatiques ; à vouloir centrer à tout prix sa caméra sur le couple et ses déboires, la réalisatrice est parfois menacée d’une certaine cécité, donnant à son récit de curieux airs de huis-clos. The kids are all right réussit néanmoins à tenir un cap difficile, toucher un public large sans tomber dans la complaisance ou l’évangélisme ; surtout, Lisa Cholodenko prouve le sourire aux lèvres qu’il n’est pas nécessaire de revêtir un masque de clown triste pour évoquer le désir, son absence et ses contradictions : que demander de plus ?
La bande-annonce : ICI
- © UGC Distribution
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Jujulcactus 5 décembre 2010
Tout va bien, the kids are all right - La critique
Gorgé par ce beau soleil américain et porté par une BO enthousiasmante : « The kids are all right » se la joue ciné indé à 200 % (un peu trop ?). Toujours est-il que niveau acteurs c’est du très bon, la superbe Julianne Moore et Annette Bening (très bientôt dans « Mother and Child ») n’ont plus rien à prouver et forment à l’écran un couple crédible et touchant, mention spéciale à l’Alice de Tim Burton (Mia Wasikowska) moins transparente ici que dans sa robe turquoise géante. Lisa Cholodenko ne traite pas vraiment de l’homoparentalité, qui n’est qu’une toile de fond, mais tout simplement de la famille et ce choix est rondement judicieux, plus universel. Cette famille homoparentale va connaître un sacré obstacle en la personne de Mark Ruffalo, le donneur de sperme, qui va menacer l’équilibre de la famille. Un scénario assez simple, un peu trop découpé (on a parfois l’impression d’assister à des scènes détachées les unes des autres : un petit manque de cohérence) mais qui sait où il va et qui nous embarque pendant une heure et demie. Cette comédie fraîche et vivante est franchement sympatique, mais elle sait aussi être touchante par moment. C’est quand le générique de fin apparaît qu’on se rend compte à quel point on s’est attaché à cette famille... Tous les ingrédients d’une bonne comédie indé à l’américaine sont là, la touche bio en plus ! A voir !