Notre avis : On est gentiment accueillis dans ce petit théâtre à la sérénité toute provinciale, niché au calme d’une rue du 11ème arrondissement de Paris. Quelques heureux élus reçoivent, en guise de bienvenue, un petit filet de dragées. Voilà un mariage placé sous les meilleurs auspices ! Comme toute réunion de famille, c’est l’occasion de discussions agitées, de chamailleries. Durant 1h15, Claire (Karine Dubernet) et Charlotte (Marie-Hélène Lentini) ne dérogeront pas à la règle. Même si le thème n’a rien d’original, ici il s’agit de pimenter quelque peu l’histoire et de coller à l’actualité en choisissant une union lesbienne et métissée. Le décor se résume à un fond de toile de blanche sur lequel s’impriment quelques visuels pendant que les répliques fusent à la vitesse d’une balle de ping-pong. On frôle parfois la vulgarité mais finalement la tendresse et l’humour l’emportent, en particulier grâce à la virtuosité de ces deux comédiennes au tempérament hors du commun. Marie-Hélène Lentini, (la Madame Truche de la série Pep’s de TF1), dotée d’une énergie digne d’une Ladesou, le phrasé en moins, nous sert un jeu pétillant et tonique dont on ne se lasse pas. Karine Dubernet, repérée dans On ne demande qu’à en rire de Laurent Ruquier et fidèle comédienne des pièces de Laurent Baffie, nous entraîne dans un tourbillon vif et malicieux. C’est sans temps mort, qu’on la suit, en compagnie de quelques personnages imaginaires, dans tous les moments de la cérémonie, de la mairie à la piste de danse où fantaisie et spontanéité se mêlent pour le plus grand bonheur du spectateur.

Copyright Fabienne Rappeneau

Imperceptiblement, la teneur des propos se modifie. L’amour vache entre les sœurs se transforme en complicité fraternelle et sur un ton plus sérieux (sans pour autant être lourd), la pièce s’oriente sur la difficulté du vivre ensemble, le temps qui passe et les convenances que l’on s’impose et auxquelles ont fait semblant de croire. C’est aussi le moment de passer à un texte plus affiné que le spectateur n’aura aucun mal à s’approprier.
Quand le rideau se referme, il reste le souvenir d’un divertissement tendre et incisif qui n’a d’autre ambition que de nous parler de nous et de nos relations avec les autres en toute bienveillance.