Le Larzac fait de la résistance
Le 14 mai 2012
César du meilleur documentaire, Tous au Larzac et sa fine équipe reviennent en DVD. Au programme, solidarité et partage pour ce petit guide pratique du militant enjoué. Un bijou d’authenticité.
- Réalisateur : Christian Rouaud
- Acteurs : Marizette Tarlier, Pierre & Chritiane Burgière
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Français
- Distributeur : Ad Vitam
- Plus d'informations : http://www.advitamdistribution.com/...
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Sortie DVD : le 15 mai 2012
César du meilleur documentaire, Tous au Larzac et sa fine équipe reviennent en DVD. Au programme, solidarité et partage pour ce petit guide pratique du militant enjoué. Un bijou d’authenticité.
L’argument : Marizette, Christiane, Pierre, Léon, José… sont quelques uns des acteurs, drôles et émouvants, d’une incroyable lutte, celle des paysans du Larzac contre l’Etat, affrontement du faible contre le fort, qui les a unis dans un combat sans merci pour sauver leurs terres. Un combat déterminé et joyeux, mais parfois aussi éprouvant et périlleux. Tout commence en 1971, lorsque le gouvernement, par la voix de son ministre de la Défense Michel Debré, déclare que le camp militaire du Larzac doit s’étendre. Radicale, la colère se répand comme une trainée de poudre, les paysans se mobilisent et signent un serment : jamais ils ne cèderont leurs terres. Dans le face à face quotidien avec l’armée et les forces de l’ordre, ils déploieront des trésors d’imagination pour faire entendre leur voix. Bientôt des centaines de comités Larzac naitront dans toute la France... Dix ans de résistance, d’intelligence collective et de solidarité, qui les porteront vers la victoire.
Le Film : Il était une fois une poignée de paysans menacés d’expropriation qui décident de résister encore et toujours à l’envahisseur. Terre d’insoumission et de révolte depuis près de quarante ans, le Larzac, vaste étendue perchée sur les Causses cévenoles, a le charme insolent de l’irréductible liberté. Chevillé au cadre de Christian Rouaud, cette région occupe l’espace filmique et reprend ses droits. Comme si l’histoire ne pouvait se raconter qu’en sa compagnie. Plus qu’un environnement, le Larzac c’est en une ligne, un engagement, un horizon. Une communauté solidaire réunit par une même envie : conquérir la liberté et poser sa propre voie. A l’aube des années soixante-dix, le plateau est dans le collimateur de l’armée : ’’nous choisissons le larzac, c’est un pays déshérité’’. L’arrogance des gratte-papiers signera dix ans de lutte acharnée. A travers leurs souvenirs, les protagonistes, indigènes (Pierre, Christianne, Pierre, Léon) et pionniers (José, Chistian, Michèle, Marizette) s’épanchent sur cette fameuse lutte qui a régenté leurs vies. Formation au militantisme, éveil d’une conscience politique, rencontres et questionnements nouveaux..., pour eux le Larzac fut avant tout une ouverture sur le monde. L’oeil étincellant, le sourire au lèvre, la voie emportée, nos anciens combattants ont de l’âme et du coeur. L’atypisme de leur idéal dénote de nos sociétés standardisées.
Et pourtant, leur force de conviction et leur jusqu’au-boutisme fait aujourd’hui figure d’exemplarité. Combattre et vaincre dans la non violence, pour eux, c’est possible.
’’La non violence n’est que la conversion de la colère’’ disait Lanza del Vasto. Et de la colère, ils en ont à revendre. De l’indigniation aussi. La chaleur de l’accent, l’étoffe du franc parler, la spontanité des intonations forment un vent de fraicheur gorgé d’humanité. Dans le microcosme qu’ils ont su créer, l’harmonie semble couler de source. Et pourtant, en 82, l’élection de Mitterand met un point final au conflit. Le Larzac demeure indivisible. Les paysans ont gagné. Reste qu’il faut réapprendre à vivre dans le sillage de ce formidable élan d’euphorie fraternelle. Aujourd’hui, fer de lance de l’Alter-mondialisme, la communauté continue de s’impliquer, ensemble. Mélant entretiens récents et archives d’époques, Tous au Larzac n’est ni un plaidoyer, ni une enquête, ni un argumentaire, c’est une histoire d’amour entre des hommes, des femmes, et leur pays. Christain Rouad, connut pour sa cinématographie très militante, livre ici le récit épique d’une épopée à travers champs et à dos de moutons digne des plus grands westerns, dont la dernière image, un champ de blé battu par le vent, est d’un éclat sans pareil. Un hymne à l’intégrité de cent-trois paysans qui ont prêté serment de ne jamais se vendre.
La critique : ici
Les suppléments :
Une floppée de bonus éparpillés sur un DVD à part entière. Beaucoup de bonnes histoires et d’anecdotes inédites malgré une organisation très fouillie qui ne facilite pas la libre circulation sur le Causse du larzac. Autant vous dire que si vous voulez trouvez une information précise il vous faudra chercher l’aiguille dans la botte de foin. Mais à la lueur de la générosité des ajouts et de la qualité des interviews, scènes commentées et séquences coupées, on pardonne volontiers. Si le film trônait sur le plateau en plein air, faisant du paysage un personnage de poids, l’interview quant à elle, réunit la bande du Larzac en intérieur, pour plus d’intimité sans doute. Avec le recul et plus volontaire que jamais, il nous font partager les sous-terrains de la lutte, ceux d’hier et d’aujourd’hui. Et c’est là que réside la grande force de cet entretien, pointer le doigt sur les fautes à corriger : le sexisme et le problème de parité (Micheline signant ’’cent professions’’ au lieu de ’’sans profession’’), les conséquences d’un combat long de dix ans sur la vie de famille (l’amour-haine des enfants du Larzac envers le plateau), et la question de la légalité et de la légitimité. Sur le mode de la confession, chacun y va de son commentaire. Ainsi l’impayable Léon Maillé qui nous avait déjà fait tant rire en racontant son incrédulité naïve face à la proposition d’une éventuelle grève de la faim (’’le manger c’est important’’), continue sur sa lancée et ponctue l’interwiew de croustillants souvenirs (Pierre Brugière, à Paris, face à un propriétaire de péniche aveyronnais, qui parle occitan pour prouver son identité !). A cela, il faut ajouter de nombreuses scènes coupées, et une interview de Christian Rouaud, qui livre racines et secrets d’un documentaire presque improvisé, le projet ayant démarré suite à un élogieux article du journal ’’Guardarem lou Larzac’’ sur le précédent film du réalisateur, Lip, l’immagination au pouvoir. Le petit plus, des affiches commentées par les combattants, allant d’un sabot enraciné dans le sol du Larzac à une Bergerie improvisée sous la Tour Eiffel, jusqu’a celle choisie par Christian Roqueirol, ornée d’une fleur, ’’la Cardabelle’’, désormais icône d’une lutte sans âge. Plus qu’un vieux symbole d’une utopie devenue réalité, Tous au Larzac c’est le militantisme appliqué au quotidien et l’intelligence d’un combat collectif renouvellé année après année, les engagés s’étant récemment illustré dans la lutte contre la malbouffe (affaire du McDo, faucheurs OGM, distribution de roquefort dans les rues de San Fransisco), contre les paysans sans terre (Libéria) et contre le diktat états-Uniens du gaz de Schiste (Ayeyron, Cevennes, Provence), combat duquel ils sont une fois de plus ressortis vainqueurs en 2010. Oui le Larzac est bien vivant.
L’image :
Une image d’horizons, d’arbres, de brins de paille et d’archives grainées posées en forme de point d’intonation à un récit défilé sous nos yeux par d’authentiques conteurs. La lumière, rougeoyante, frontale, directe, sans camouflés et sans artifices, dont la force de rayonnement égale la force subversive de nos indignés, marque et imprime avec force la pellicule.
Le son :
Une très bonne version 5.1 DD qui retranscrit avec profondeur et précision les échos, les chants des grillons, et le souffle des brises du plateau du Larzac. Le mixage, extrêmement bien balancé, ménage une belle intensité aux nombreux silences du film, qui loin d’être vides, sont souvent la clé des émotions, des souvenirs et des coeurs du personnage. Une version ’’sourds et malentendants’’ est aussi disponible.
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