Le 3 novembre 2024
Une œuvre touchante et délicate sur le thème du pressentiment de la mort vu par le regard d’une enfant, qui confirme le talent de la réalisatrice mexicaine Lisa Avilés.
- Réalisateur : Lila Avilés
- Acteurs : Naíma Sentíes, Montserrat Marañon, Marisol Gasé, Mateo Garcia
- Genre : Drame, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français, Danois, Mexicain
- Distributeur : Les Alchimistes
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 30 octobre 2024
- Festival : Festival de La Rochelle, Festival de Berlin 2023
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Résumé : Sol, une fillette de sept ans, est emportée dans un tourbillon de préparatifs menés tambour battant par ses tantes, pour l’anniversaire de son père Tona. Au fil d’une journée dont le point d’orgue est un événement aussi redouté qu’attendu, Sol comprend peu à peu la gravité de cette célébration.
Critique : Réalisatrice mexicaine, Lila Avilés avait été révélée avec son premier long métrage, La camarista, présenté dans plusieurs festivals en 2018, et sorti en France en avril 2019. Le film dévoilait un style incisif à travers le récit d’une femme de chambre fétichiste embauchée dans un grand hôtel international. Également sélectionné dans plusieurs manifestations cinématographiques, Tótem a reçu le prix œcuménique à la Berlinale 2023. Le scénario, écrit par la cinéaste, met en exergue l’observation d’une enfant lors des préparatifs de l’anniversaire de son père malade, toute sa famille étant réunie dans la maison de campagne du grand-père. Lila Avilés précise à ce sujet dans le dossier de presse : « Je voulais créer un personnage principal mûr malgré son jeune âge, une fillette de sept ans qui assume sa conscience des réalités et cherche à créer un monde qui épouse son regard. Aujourd’hui, on est tellement happé par le monde extérieur qu’on a tendance à négliger notre for intérieur ». En fait, le récit est en même temps un mini-film choral, puisque Sol, la fillette, est entourée de ses tantes, son oncle, ses cousins, son grand-père, et quelques autres personnages dont une auxiliaire de vie, sans compter le passage tragi-comique d’une femme payée pour purifier la maison et extraire les ondes négatives qui s’y trouvent.
- © 2023 Limerencia Films. Tous droits réservés.
Tótem est ainsi en premier lieu une réussite dans son traitement de l’enfance confrontée à la mort d’adultes, dans le prolongement d’œuvres de cinéma aussi diverses que Jeux interdits, Cría cuervos et Ponette, même si la petite fille exprime ses émotions avec parcimonie. Les situations et dialogues ne sont pourtant ni larmoyants, ni emphatiques, sans tomber non plus dans le style distancié. La réalisatrice a pris l’option de contourner un traitement explicitement tragique (la fratrie n’est pas celle de Cris et chuchotements), et l’on se surprend à sourire voire rire lors de plusieurs séquences de chamailleries ou des remarques caustiques énoncées par le patriarche, pourtant atteint d’une carence des cordes vocales. Car Tótem est également un beau portrait de groupe, microcosme familial (puis amical dans le dernier quart d’heure), tenaillé entre les solidarités et l’affirmation des sentiments individuels, qui regorge de moments de plénitude mais aussi de tension surprenante, lorsqu’une enfant interroge son téléphone sur la fin du monde, ou quand un gâteau d’anniversaire brûlé devient un drame pour la cuisinière qui peine à cacher son désarroi.
- © 2023 Limerencia Films. Tous droits réservés.
Ces petites touches font le prix d’une chronique qui ne se résume pas à un exercice de style respectant les unités de lieu, temps et action. On appréciera les nombreux éléments symboliques, du prénom solaire de la gamine à celui, « ludique », de la chasseuse d’esprits, ainsi que l’utilisation judicieuse des animaux (poisson rouge, insectes) dans la narration. Mais c’est surtout la mise en scène, à la fois discrète et explicite, qui retient l’attention, de la lumière qui conserve l’illusion de la pellicule, aux plans serrés scrutant au plus près des personnages tourmentés, en passant par des mouvements de caméra introduisant dans le champ ce qui était hors-champ (ou inversement), rendant incertaines la frontière entre la présence et l’absence. Il serait dommage de passer à côté de cette œuvre délicate portée en outre par des interprètes admirables, comme la jeune Naíma Sentíes ou Montserrat Marañon dans le rôle de la tante Nuria.
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