Le 4 août 2021
Epique et flamboyant, le nouveau film de Tony Gartlif signe un retour sur l’enfance, la Camargue, l’amour, la rédemption, et la vie tout simplement.


- Réalisateur : Tony Gatlif
- Acteurs : Slimane Dazi, David Murgia, Karoline Rose Sun, Suzanne Aubert
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Suisse
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h40mn
- Date de sortie : 4 août 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021

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Résumé : Dans la mystique Camargue, Tom Medina débarque en liberté surveillée chez Ulysse, homme au grand cœur. Tom aspire à devenir quelqu’un de bien. Mais il se heurte à une hostilité ambiante qui ne change pas à son égard. Quand il croise la route de Suzanne, qui a été séparée de sa fille, Tom est prêt à créer sa propre justice pour prendre sa revanche sur le monde…
Critique : On n’avait pas vu Tony Gatlif depuis longtemps sur les écrans. Le réalisateur a pris le temps de réfléchir à un projet plus intimiste, directement relié à sa propre adolescence. On est éloigné des éclats et chants gitans qui traversent toute son œuvre. Le cinéaste installe sa caméra au cœur de la nature, en l’occurrence les marais merveilleux de la Camargue, et au sein d’une sorte de famille d’accueil où les enfants cabossés par la vie viennent chercher de nouveaux repères à leur existence. Le héros principal de cette histoire, Tom Medina, donne le titre au film. Il occupe chacune de scènes dans des envolées lyriques et une énergie à couper le souffle. C’est un jeune adulte virevoltant, qui se rêve torero, et fantasme sa vie dans les espaces marécageux que lui offre son nouveau lieu d’habitation.
- Copyright Les Films du Losange
Le long-métrage est entièrement construit sur un subtil rapport entre le réel de la vie de Tom et des sortes d’hallucinations visuelles qui le confinent à un mysticisme emprunt de foi et d’art. Le jeune homme vient d’un pays inconnu, en tous les cas énigmatique, autour duquel il a construit une identité hybride, instable et joyeuse. La musique gitane, les oiseaux, les chevaux, accompagnent ce récit de rédemption spirituelle et psychologique, où l’on pressent qu’il se trame en lui l’avenir d’une profession tournée autour du don de soi, de la créativité et des animaux. Tom Medina résonne comme une œuvre testamentaire où le cinéaste puise à travers les traits de ce garçon tout feu tout flamme, les ressorts de son propre parcours d’artiste, qui mêle les musiques, les chants, les souvenirs des peuples voyageurs d’Europe et la nécessité du Beau dans le cinéma.
- Copyright Les Films du Losange
Tony Gatlif offre aussi à travers cette histoire plutôt simple, la nécessité pour nos sociétés modernes de se retrouver autour de valeurs de fraternité et d’amour. Le long-métrage est un hommage à la relation éducative, celle qui permet à chacun des femmes et des hommes de se construire en humanité. Le lien de confiance, l’affection entre l’éducateur et un jeune, la puissance de la relation constituent pour le cinéaste le terreau d’une société qui se réconcilie avec sa jeunesse délinquante et ses exclus. Il faut souligner la présence magnifique de David Murgia. Le comédien incarne ce garçon perdu avec une liberté et une énergie absolument remarquables. Les gros plans sur ses yeux noirs annoncent un personnage profond, insaisissable et d’une très grande beauté morale. Il donne la réplique à son éducateur magnifiquement incarné par Slimane Dazi. L’homme est exigeant, respectueux des lois, confiant dans les progénitures que la justice lui confie, et aimant. Tout peut-être de ce que chaque enfant meurtri est en droit d’attendre des travailleurs sociaux ou des professeurs qu’il rencontre. En exergue du film, Gatfli rend d’ailleurs hommage aux éducateurs qui ont traversé sa vie et lui ont permis de devenir l’immense cinéaste qu’il est. Il n’y a pas meilleur moyen que de créer un film de cette intensité-là, de cette force-là, pour donner à voir aux spectateurs qu’il y a toujours des raisons d’espérer.
- Copyright Les Films du Losange
Tom Medina est un film généreux, à l’image du cinéaste lui-même qui n’hésite pas à venir au hasard d’une séance de cinéma rencontrer son public. Il offre un récit de vie lumineux qui donne raison à celles et ceux qui consacrent leur existence à l’éducation des enfants les plus abîmés.