Le 9 août 2017
Comme tous les films de Tony Gatlif, Djam est un hymne à la liberté porté par un personnage fort. Il s’agit en l’occurrence d’une jeune grecque dont la musicalité et le sourire communicatif nous font oublier la frugalité du scénario.
- Réalisateur : Tony Gatlif
- Acteurs : Simon Abkarian, Maryne Cayon, Daphné Patakia
- Genre : Drame, Musical
- Nationalité : Français, Grec
- Distributeur : Les Films du Losange
- Durée : 1h37mn
- Date de sortie : 9 août 2017
- Festival : Festival de Cannes 2017
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Résumé : Djam, une jeune femme grecque, est envoyée à Istanbul par son oncle Kakourgos, un ancien marin passionné de Rébétiko, pour trouver la pièce rare qui réparera leur bateau. Elle y rencontre Avril, une française de dix-neuf ans, seule et sans argent, venue en Turquie pour être bénévole auprès des réfugiés. Djam, généreuse, insolente, imprévisible et libre la prend alors sous son aile sur le chemin vers Mytilène. Un voyage fait de rencontres, de musique, de partage et d’espoir.
Notre avis : Bien qu’il ait depuis longtemps cessé de concentrer ses films sur la communauté gitane, Tony Gatlif n’a rien perdu de son appétence pour les individus déracinés ou en exil. Depuis une dizaine d’années, ses personnages principaux sont de plus essentiellement féminins. Autant dire que Djam s’inscrit parfaitement dans la droite lignée de sa filmographie puisqu’il s’agit de la rencontre, en Turquie, de deux jeunes femmes, l’une française, l’autre grecque. Il apparaît rapidement évident que la première n’est qu’un élément de scénario pour nous aider à mieux nous introduire la seconde. Cette dernière, en revanche, semble envoûter le réalisateur qui fait d’elle une nouvelle incarnation de la liberté.
Bien que cela semble difficile à croire à la vue de la place qu’elle y tient, Gatlif a reconnu avoir démarré l’écriture de son film avant de rencontrer l’actrice Daphné Patakia. Celle-ci apporte en effet son énergie, son charme mais aussi et surtout son talent de musicienne à son personnage, et ce dès la scène d’ouverture, riche en puissance évocatrice.
Copyright Princes Productions
(c) Les Films du Losange
Au-delà du jeu de séduction qu’effectue Djam sur Avril au cours de leur voyage, il est impossible de nier que le scénario manque cruellement de réels enjeux. On sait depuis de longues années que Gatlif aime tout particulièrement structurer ses histoires comme des road-trips faits de longues errances et de rencontres impromptues. De là à dire que Djam n’est qu’une redite féminine de ses précédents films, il n’y a qu’un pas. Fort heureusement, l’énergie de son actrice se transforme en moteur pour cette dramaturgie maigrelette et nous emporte avec elle sur les routes de la frontière gréco-turque.
La véritable surprise dans cette construction classique, c’est que chaque scène musicale apparaît, non pas comme un instant de légèreté mais au contraire comme un soutien au discours se voulant politiquement engagé de son auteur. On en vient d’ailleurs à attendre que Djam se remette à chanter et danser plutôt que de continuer à se balader et à se montrer hystérique à chaque qu’elle croise la route d’un quidam.
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(c) Les Films du Losange
On ne retiendra au final de ce film ces quelques scènes chorégraphiées et le charme de son rôle-titre, car la finalité socio-politique qu’a voulu insérer Tony Gatlif dans le parcours de ses deux héroïnes reste à la fois floue et convenue. Son discours faussement subversif sur les pouvoirs contradicteurs de l’argent et de l’amour n’est en effet qu’une redite qui, depuis des décennies, infuse chacun de ses films. Il a d’ailleurs déjà su se montrer plus efficace dans sa volonté d’être subversif.
Sur le papier, Djam est un beau message pro-européen et interculturel, mais on a vu plus subtil. Nous ne pouvons que souhaiter revoir au plus vite la ravissante Daphné Patakia sur les écrans et espérer que le cinéma de Tony Gatlif se renouvelle un peu.
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