Le 7 mai 2018
Le tout premier film de Frederick Wiseman sort en France en version restaurée. L’occasion de découvrir les prémices du style d’un des plus grands documentaristes américains.
- Réalisateur : Frederick Wiseman
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Météore Films
- Editeur vidéo : Blaq Out
- Durée : 1h21mn
- Reprise: 13 septembre 2017
- Box-office : 5.473 entrées France / 3.647 entrées Paris Périphérie (reprise 2018)
- Date de sortie : 14 novembre 1993
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– Sortie DVD : le 2 mai 2018
Résumé : Bridgewater (Massachusetts), 1967. Frederick Wiseman tourne "Titicut Follies", son premier film, dans une prison d’État psychiatrique et atteste de la façon dont les détenus sont traités par les gardiens, les assistants sociaux et les médecins à l’époque. Ce qu’il révèle a valu au film d’être interdit de projections publiques aux États-Unis pendant plus de 20 ans. Témoin discret et vigilant des institutions, Frederick Wiseman pose, avec "Titicut Follies", les bases de ce qui fait son cinéma depuis 50 ans.
Notre avis : Grand homme du cinéma direct, c’est en 1967 que Wiseman lance sa filmographie depuis enrichie par un nombre impressionnant de long-métrages (un tous les ans ou deux ans à peu près). En s’attaquant pour sa première œuvre à une prison psychiatrique, l’Américain jette déjà son dévolu sur une institution américaine, et pas la plus facile à intégrer. Pourtant c’est en toute légalité que Wiseman a pu s’immiscer et filmer - même si techniquement il est ingénieur du son sur ses projets - ce qui deviendra au montage une violente critique sur un établissement aux conditions déplorables. Si dans le dispositif Wiseman pose les fondations de son cinéma, basées sur une discrétion et une non-intervention dans la communauté qu’il filme, Titicut Follies ne constitue qu’une esquisse, intéressante parce qu’on la regarde en connaissance de l’évolution du style Wiseman, mais un peu faible en tant que film autonome. Avec cette première œuvre subsiste cette impression d’avoir vu un long-métrage assez anecdotique mais qui pourtant renferme une certaine profondeur de propos. L’approche proposée est en tout cas très austère, puisqu’elle plonge sans ménagement le spectateur dans cet environnement clôt et inhumain.
- Copyright : Météore Film
Aujourd’hui toujours désireux d’intégrer sans arrière-pensée une communauté qui jouit d’une bonne réputation, Wiseman a opéré différemment pour Titicut Follies. Car le réalisateur, et cela se voit de bout en bout, avait comme idée ici de dénoncer avec force cette prison psychiatrique, gérée par des gardiens incompétents et cruels. Contrairement à ses autres projets, ce premier film est clairement orienté dans son propos, et le réalisateur américain passe beaucoup par le montage pour attaquer les gestionnaires de ce centre. Les attaques manquent de subtilité, et l’impartialité se retrouve aux abonnés absents, ce que critiquera Wiseman lui-même plus tard. Malgré cela, Titicut Follies touche juste, notamment parce que le cynisme dont fait preuve le réalisateur insuffle une puissance cinglante à cette dénonciation d’un système totalement inhumain (les enfermés d’A la Folie étaient mieux traités c’est dire). En s’intéressant à quelques cas en particulier, le documentaire met en évidence la manière dont sont considérés les malades par une poignée de matons plus bourreaux qu’autre chose et un corps médical aussi absent que le respect de Thierry Ardisson. Mais, partagé entre deux côtés, filmer l’individuel ou se focaliser sur la communauté, Wiseman peine à faire coexister ces deux régimes (on ne va pas lui en vouloir non plus pour un premier film), surtout qu’il n’évite pas le voyeurisme à quelques reprises, lorsqu’il s’agit de montrer pendant de longs plans la folie des patients. Tout premier long-métrage du documentariste, Titicut Follies arbore les contours d’un dispositif qui a depuis fait la marque de fabrique de Wiseman, mais pour un fond éthiquement contestable, même s’il sert une bonne cause.
- Copyright : Météore Film
Le DVD :
Les suppléments :
Aucun bonus sur le disque, ce qui est dommage, on aurait pas refusé un entretien avec Wiseman. Néanmoins, avec le DVD est fourni un petit livret d’environ 20 pages, contenant une analyse très intéressante, un point sur le film, et un entretien du réalisateur sur ce premier long-métrage. Ce petit supplément renferme quantité d’informations et se révèle donc très instructif.
L’image :
Difficile de juger une remasterisation 4k sur une œuvre qui a certes profité des avancées du cinéma direct, mais des avancées de 1967. La légèreté du matériel de Wiseman s’est faite au détriment de sa qualité. Cela dit, il est certain que le travail accompli sur cette ressortie de Titicut Follies donne une nouvelle vie à l’image du film. Le piqué reste assez faible, l’image très granuleuse et imprécise, mais on sent que la remasterisation a poussé le potentiel des images à son maximum.
Le son :
Là aussi pas de folie. Même si cette édition propose le film en 5.1, il n’a pas du tout été tourné avec cette optique, et cela se ressent. La spatialisation s’en retrouve un peu factice, même si elle est bien présente. En tout cas le mixage a bien dépoussiéré la qualité du son, l’ensemble profite d’une belle clarté.
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