Le 12 octobre 2021
Un petit garçon vient de perdre sa maman et cherche le moyen de soigner son coeur brisé. Une œuvre ambitieuse, pleine de sensibilité et de tendresse, portée par des images réussies


- Scénariste : Martine Arpin
- Dessinateur : Claude K. Dubois
- Famille : Littérature jeunesse
- Editeur : Deux
- Âge : À partir de 5 ans
- Date de sortie : 4 mars 2021
- Plus d'informations : https://editionsdeux.com/produit/thomas/

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Résumé : Un petit garçon vient de perdre sa maman. Il se sent seul, tout vide, abandonné de cet amour. Il erre alors dans la ville, à la recherche d’un remède pour réparer les cœurs cassés.
Critique : Cet album de Martine Arpin et Claude K. Dubois peut, de prime abord, dérouter par son entrée funeste, mais ce qui pouvait sembler sinistre se transformera en théâtre de tendresse. Le petit garçon apparaît d’abord abattu, couvert d’un bonnet et d’une écharpe (il semble faire froid dans l’air comme dans le cœur), tenant la main de son père (qui reste hors-champ), devant un parterre de tombes dont probablement celui de sa maman, tout juste mise en terre. Le chagrin qui s’ouvre en lui est immense, incommensurable et, ne sachant comment composer avec, comment panser ses plaies, ni même si celles-ci se refermeront un jour, demande de l’aide aux adultes de son quartier, qui chacun lui retourne l’impossibilité de combler ce vide. Déambulant comme une âme en peine, il revient sur ses pas, au seuil de sa maison et trouve son père assis au milieu de photographies de sa maman. Les souvenirs le submergent alors et tous les beaux moments de la vie, les instants qui comptent et nous rappellent l’amour que nous pouvons porter à l’autre, le rassurent et l’apaisent. Il sait désormais que sa mère vivra toujours en lui à travers ces douces réminiscences.
Martine Arpin et Claude K. Dubois - Deux
La chaleur et la bienveillance d’un père lui aussi en deuil viendront finir de « conforter » le petit garçon, du moins de lui permettre d’envisager de vivre ainsi. Le scénario de Martine Arpin parvient de manière très ingénieuse à parler frontalement d’une thématique difficile, celle du deuil. Sans pirouette narrative, de manière réaliste et directe, elle montre qu’il n’y a pas de solution miracle pour se relever de ce genre d’épreuve, mais que l’amour familial, entier et pluriel persiste, laisse une profonde trace en chacun de nous et nous habite à chaque instant.
Les personnages de cet album sont particulièrement attachants, en particulier grâce aux dessins de Claude K. Dubois. La dessinatrice a su parfaitement incarner la douceur de l’histoire. Son trait se fait léger, svelte, préférant l’esquisse des personnages à leur stricte définition. La ligne se révèle ainsi aussi instable, versatile et mouvante que peuvent l’être les mouvements de l’âme. Les couleurs pâles, désaturées, finissent d’esquisser le monde, lui donner forme et lui donner vie. Elles s’accordent au spleen qui plane sur le récit, l’annonçant et le prolongeant.
Martine Arpin et Claude K. Dubois - Deux
Le seul bémol concerne la partie visuelle de l’album : le choix de la typographie du texte se révèle très peu judicieux : très dessinée et d’une couleur matte, saturée, elle contraste singulièrement avec la délicatesse des images.
Thomas est une œuvre ambitieuse, pleine de sensibilité et de tendresse, portée par des images réussies qui attirent le regard et le plonge dans la mélancolie de ce récit intimiste.
44 pages - 13,50