Thirteen

Deux ados en perdition. Un premier film qui donne le vertige...

L’argument : C’est l’histoire d’Avy, treize ans, sans trop d’histoires, qui bascule après sa rencontre avec Tracy, même âge, délurée. Ensemble, elles sombrent dans la déchéance et le vice, défiant des adultes impuissants ou absents.

Notre avis : Portrait sans concession de l’adolescence urbaine, Thirteen est interdit à son public (les moins de 17 ans) outre-Atlantique comme en France (les moins de 16 ans). Sans doute parce que Catherine Hardwicke (prix de la mise en scène au prestigieux Festival Sundance 2003) a décidé de montrer froidement ce que les jeunes pensent, font, ressentent et traversent aujourd’hui. Et qu’ils risquent de se reconnaître dans cette histoire, co-écrite avec une des leurs, Nikki Reed (qui tient le rôle de Evie) et qui se concentre autour des heurts, des excès, des rituels secrets de deux ados désaxées, qui ne parviennent à s’exprimer que par la violence.
Doté d’un réalisme froid et d’un montage très rythmé, le film fonctionne sur le mode du thriller psychologique. Le malaise s’installe alors que la communication entre Tracy, sa mère démissionnaire et son père absent semble définitivement se rompre. Seul le pire reste à venir. De l’idée de transition, on bascule à celle de perdition dans un territoire obscur sur lequel les adultes n’ont plus prise. Le spectateur, même averti, risque fort d’être en proie au vertige face à l’abîme qui le sépare désormais de Avy et Tracy.
Prix spécial du jury au Festival du film américain de Deauville, Thirteen ouvre une brèche, en refusant de sacrifier à la vision édulcorée de l’adolescence généralement véhiculée par Hollywood. Reste à saluer les performances effrayantes des deux protagonistes et de Holly Hunter, remarquable interprète de cette mère à la dérive.