Dommage…
Le 20 juin 2020
Cette transposition du livre de Harlan Coben en Pologne, s’enlise dans un récit laborieux, quelques curiosités de réalisation, et manque cruellement de tension. Si bien que la résolution finale est vécue sans grande surprise. Dommage.
- Réalisateurs : Agata Malesińska - Wojciech Miłoszewski
- Acteurs : Agnieszka Grochowska, Grzegorz Damięcki, Hubert Miłkowski, Wiktoria Filus
- Nationalité : Polonais
- Durée : 6 épisodes de 47 à 55 minutes.
- VOD : NETFLIX
- Scénaristes : Wojciech Miłoszewski, Agata Malesińska
- Genre : Policier
- Titre original : The Woods
- Date de sortie : 12 juin 2020
- Plus d'informations : The Woods
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Résumé : Des éléments retrouvés sur le corps d’une victime redonnent espoir à un procureur que sa sœur, disparue 25 ans auparavant, puisse être encore en vie.
Critique : En 2018, Harlan Coben et Netflix concluent un deal portant sur l’adaptation de quatorze de ses romans parus ou à paraître. The Woods est la troisième adaptation après The Safe (2018) et Intimidation, sortie en janvier. À chaque fois Harlan Coben est « executive producer ». On rappelle la confusion entre producteur exécutif en France, qui comme son nom l’indique exécute, autrement dit organise le tournage, gère les moyens techniques, décors, plannings, transports, etc., et son faux ami anglais. Côté anglo-saxon, l’executive producer finance le projet en partie par ses fonds propres, des préventes à des diffuseurs et éventuellement la mise en pot des cachets des scénaristes ou interprètes, en échange de pourcentages sur les recettes. Si l’executive producer délègue ensuite à des producteurs le tournage, il contrôle a minima l’écriture et le casting.
Il ne fait aucun doute qu’une partie du job d’executive producer de Coben consiste à encaisser le chèque de Netflix, mais pour cette nouvelle série, nous nous interrogeons sérieusement sur son rôle de supervision d’écriture.
The Woods, paru en 2007, se déroule dans le New Jersey. Pendant l’été 1985, au cours d’une colonie de vacances, quatre jeunes disparaissent dans les bois environnants. Deux cadavres sont vite retrouvés, mais les deux autres resteront invisibles. Vingt ans plus tard, Paul qui était animateur dans le camp et dont la sœur, Camille, se trouvait parmi les deux disparus restant, est devenu procureur. Alors qu’il instruit une affaire de viol, il est appelé pour identifier un corps. À sa grande surprise, il pense reconnaître Gil, l’autre jeune disparu, même si ses parents disent le contraire. Convaincu que sa sœur est certainement encore vivante, il s’immerge dans ses souvenirs.
- Copyright Netflix
Dans cette adaptation en six épisodes, l’intrigue est transposée en Pologne de nos jours, et les événements dans le camp d’été se déroule vingt-cinq ans plus tôt, soit en 1995. Et les noms des personnages sont adaptés. Bon, pourquoi pas ? Hélas, cette transposition ne fonctionne pas. Éventuellement à cause des changements de lieu et de temporalité, mais surtout par sa dissolution rendant la narration, pourtant intrigante au début, lentement mais sûrement ennuyeuse, au fil des souvenirs évoqués. Et c’est sur cette mécanique que The Woods finit par être bancal. Si les va-et-vient entre cet été fatal et les scènes de nos jours, semblent, lors des premiers épisodes, codifier la mise en scène avec, en particulier, des lumières distinctes, ou des « présentations » face caméra des protagonistes, ces effets se délitent, ne trouvent plus trop leur véritable justification, hormis une forme de gratuité. L’intrigue repose essentiellement sur des souvenirs, des récits, des évocations et bien moins sur une accumulation de « découvertes » en termes d’indices, documents, objets, comme le veut un bon thriller. Pour tenir, ou plutôt remplir, ces souvenirs sont alors saupoudrés au fil des six épisodes, ralentissant l’ensemble, si bien que seule la forme et le jeu plutôt correct de l’ensemble du casting sauvent partiellement l’entreprise (ok, nous avouons honteusement avoir visionné la version française ; nous n’avons pas fait polonais en LV2). Les divers arcs narratifs, l’été fatal, ses conséquences sur nos jours, l’affaire du viol et une autre embrouille dont on ne dira point mot, s’imbriquent laborieusement, les tenants et aboutissants sont révélés à l’issue d’un suspense ramolli. Une affaire dont on commençait à deviner les fils, qui eurent été probablement mieux dissimulés en réduisant le nombre d’épisodes, voire en se limitant à un long métrage plus en tension. The Woods entre ainsi dans notre triste catégorie de ces thrillers « tout ça pour ça ». Dommage.
- Copyright Netflix
On ne vas pas refaire le match, ni réécrire l’œuvre de Coben. On se dit qu’il aurait pu dire « ok » pour la Pologne, mais on ne change rien pour les dates. Le camp d’été se serait déroulé en 1985, sous régime dictatorial communiste avec police secrète, et tout ce que cela pouvait induire. Quant aux événements vingt ans plus tard, ils s’installaient dans une Pologne démocratique et fraîchement entrée dans l’Union européenne. Une intrigue qui certainement aurait été plus complexe, avec possiblement d’autres secrets enterrés, et pour la forme, l’exercice aurait été bien plus excitant en termes de reconstitution et de production, comme l’a très bien réussi une autre récente série polonaise, The Mire.
Oui, on sait, avec des « si », on pourrait refaire tout Netflix.
- Copyright Netflix
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