Le 11 avril 2018
La délicatesse du cinéma de Kore-eda est ici greffée à une trame policière surprenante. Ou comment renouveler son art tout en lui restant fidèle.
- Réalisateur : Hirokazu Kore-eda
- Acteurs : Kōji Yakusho, Shinnosuke Mitsushima, Isao Hashizume, Masaharu Fukuyama, Suzu Hirose
- Genre : Drame, Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Le Pacte
- Durée : 2h05mn
- Box-office : 95 685 entrées France / 29 884 Paris Périphérie
- Titre original : Sandome no satsujin
- Date de sortie : 11 avril 2018
- Festival : Festival du film Policier de Beaune, Festival de Venise 2017
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Résumé : Le grand avocat Shigemori est chargé de défendre Misumi, accusé de vol et d’assassinat. Ce dernier a déjà purgé une peine de prison pour meurtre trente ans auparavant. Les chances pour Shigemori de gagner ce procès semblent minces, d’autant que Misumi a avoué son crime, malgré la peine de mort qui l’attend s’il est condamné. Pourtant, au fil de l’enquête et des témoignages, Shigemori commence à douter de la culpabilité de son client.
Critique : Kore-eda que d’aucuns ont comparé à Ozu s’est fait le peintre des relations familiales difficiles, de Nobody Knows à Après la tempète, en passant par le poignant Tel père, tel fils. Son dernier opus n’échappe pas à la règle, même si la thématique pourra sembler davantage en filigrane. Car le récit met ici en avant divers personnages tourmentés dans leurs rapports de conjugalité ou de filiation, qui vont être amenés à se croiser à l’occasion d’une affaire criminelle. Misumi, l’accusé, outre son passé d’assassin, a toujours essayé de reconquérir l’amour de son enfant, tout en se trouvant une fille de substitution qui semble avoir des liens douloureux avec ses parents. Quant à l’avocat qui mène l’enquête, il néglige sa fille adolescente qui ne le contacte que lorsqu’elle est surprise en flagrant délit de vol et il révèle des fêlures indéniables dans son rôle paternel.
- Copyright Toho
Les préoccupations de Kore-eda, dont l’œuvre a souvent eu une connotation autobiographique, sont ici greffées à la trame principale, à savoir la résolution d’un suspense judiciaire, ou bien constituent une digression qui éclaire la personnalité des protagonistes. Car pour la première fois dans sa filmographie, le cinéaste explore le film policier, assumant de se mouler dans ses conventions. Meurtre violent en guise d’exposition, scènes de parloirs, coups de théâtre pendant le procès, démonstrations du procureur ou discussions autour de la peine de mort pourraient laisser croire que le réalisateur a perdu son âme en actionnant les grosses ficelles tant du polar que du film à thèse. Or, il n’en est rien : non seulement le métrage n’évacue pas la patte de Kore-eda, mais son film policier brille par sa subtilité tout autant que par une efficacité narrative.
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Le plus réussi réside dans la description trouble des échanges entre l’avocat et le suspect, lointain écho à d’antérieures réussites du genre, dont Garde à vue de Claude Miller. Et le travail plastique de Kore-eda est toujours essentiel : « J’ai opté cette fois pour une esthétique de polar. J’ai accentué le contraste entre la lumière et les ombres, rompant avec l’éclairage naturaliste que je privilégie habituellement », a déclaré le réalisateur dans les notes d’intention. Il est bien épaulé par Mikya Takimoto, son directeur de la photo, qui a utilisé intelligemment le CinémaScope. Le casting est par ailleurs remarquable, avec une mention pour Kôji Yakusho (13 assassins) et la jeune Suzu Hirose, que Kore-eda avait déjà dirigée dans Notre petite soeur.
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