The mother

Critique : Si vous pensez que The Mother est un film graveleux (la mère qui couche avec l’amant de sa fille) ou sans intérêt (la sexualité des plus de soixante ans n’étant pas un sujet très vendeur), détrompez-vous. Car si le propos peut a priori paraître choquant, le film ne l’est absolument pas. Présenté à la Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 2003, The Mother nous entraîne dans l’intimité d’une famille en pleine crise et aborde un sujet encore considéré comme tabou : la relation charnelle entre une femme dite d’âge mûr et un jeune homme qui pourrait être son fils.
Filmé avec pudeur et sans aucun voyeurisme par Roger Michell (plus connu pour ses films grand public tels Coup de foudre à Notting Hill et Dérapages incontrôlés) The Mother ne sombre jamais dans le pathos grâce au talent de son scénariste : Hanif Kureishi. Écrivain de renom, Kureishi aime plonger ses personnages dans des situations de crise qui les forcent à se remettre en question. A l’instar de ses précédents opus (My Beautiful Laundrette ou Intimité, mis en scène par Patrice Chéreau), il se sert de la sexualité pour servir son propos ("Je m’intéresse toujours à la manière dont la sexualité rompt nos certitudes pour nous apporter une ouverture") et signe ici un étonnant portrait de femme. Celui de May, veuve de fraîche date, qui redécouvre à plus de soixante ans le désir. Renaissant véritablement des cendres de son mari, elle réalise brutalement que sa vie a une valeur et accepte de payer au prix fort sa nouvelle liberté. Film sur la famille et plus précisément sur la difficulté des relations mère-fille (relation d’autant plus violente qu’elles désirent le même homme), The Mother est une œuvre courageuse et sincère à l’image de la vie où rien n’est jamais simple.