Voyage au bout de l’horreur
Le 22 septembre 2015
Dans ce voyage au bout l’horreur, Joshua Oppenheimer dénonce l’intolérable, avec subtilité et sans pathos.
- Réalisateur : Joshua Oppenheimer
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Danois
- Durée : 1h43mn
- Date de sortie : 30 septembre 2015
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Dans ce voyage au bout l’horreur, Joshua Oppenheimer dénonce l’intolérable, avec subtilité et sans pathos.
L’argument : Adi Rukun est ophtalmo itinérant. Au gré de ses visites, il enquête sur les circonstances de la mort de son frère aîné, accusé de « communisme » et assassiné pendant les grands massacres de 1965 et 1966 en Indonésie.
La caméra de Joshua Oppenheimer accompagne Adi dans sa confrontation avec les assassins. Patiemment, obstinément, malgré les menaces, ils s’emploient ensemble à vaincre le tabou du silence et de la peur.
Notre avis : Avec The look of Violence, Joshua Oppenheimer poursuit son exploration des actes horribles commis par la junte militaire en Indonésie, envers plus d’un million de communistes ou présumés communistes, tués dans les années 1965-66. Cette suite au remarquable The Act of killing, réalisé en 2012, où témoignait les bourreaux d’hier, laisse place cette fois à Adi, un optométriste dont la junte a assassiné le frère et qui vit à proximité de ses bourreaux. Avec sa famille, il se refuse de vivre dans la peur, bien que les meurtriers d’hier soient encore aujourd’hui au pouvoir.
© Why Not Productions
Le documentaire nous livre le témoignage à la fois saisissant et terrifiant de ces vieillards revivant sans honte et sans remord leurs crimes, qu’ils envisagent aujourd’hui comme s’il s’agissait d’exploits sportifs. Un malaise insidieux s’installe à la vision de leurs regards extatiques d’où, à aucun moment, la moindre empathie pour les disparus ne vient s’exprimer. En place et lieu de la commisération, c’est bel et bien à une remémoration jouissive que l’on assiste.
Dans son précédent documentaire, Oppenheimer interviewait un criminel de guerre dont à son insu ressortait un semblant de remords inconscients, comme si, en parlant, le meurtrier découvrait l’horreur de ses crimes ; rien de cela n’arrive ici, seul domine un cynisme insupportable.
(C) Why not productions
Les questions d’Adi se heurte souvent aux refus de témoigner de ses compatriotes qui préfèrent pour certains affirmer qu’en ces années-là rien ne s’est passé sur le sol indonésien. Que la vie était simple et tranquille. Une amnésie contredite par le témoignage d’un autre ancien bourreau qui déclare avoir bu le sang de ses victimes pour ne pas devenir fou. De cette confrontation à une certaine incarnation du Mal, à cette infamie assumée et revendiquée par la junte militaire qui a laissé faire ces milices parallèles, The look of silence lorgne du coté d’un autre excellent documentariste : le cambodgien Rithy Panh.
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