The Dream . T.1 . Jude - La chronique BD

Megan sait dénicher les talents de demain pour l’Invisible Art Production, une société aussi puissante qu’opaque. Elle a cette fois jeté son dévolu sur un performeur de spectacle érotique, un Adonis nommé Jude. Son corps de rêve a également tapé dans l’œil d’une richissime fille d’un mafieux étranger. Intrigues plus passionnelles qu’amoureuses, violences tantôt désirées, tantôt dérangeantes, ce premier tome d’un thriller érotique a des accents fantastiques, un côté Avocat du Diable qui n’est pas pour déplaire. Si le héros Jude n’est pas vraiment mystérieux, tous les autres personnages ont leur lot de secrets, voire d’énigmes. S’il est au centre de l’album, ce sont les satellites, qui gravitent autour, qui sont les véritables points de focalisation et d’intérêt de la part du lecteur. Sans tomber dans la démesure érotique, qui n’est finalement qu’une toile de fond, surtout au début, ce récit sinueux prend plusieurs formes, du roman d’apprentissage au policier, en passant par la nouvelle fantastique. De belles promesses pour la suite de la série, au niveau du scénario.

© Dupuis

Au niveau du dessin, c’est l’espagnol Guillem March qui s’invite, dans un style qui rappelle celui de l’italien Enrico Marini. Autant dire que ces traits latins donnent un sang chaud à l’album, qui s’infiltre dans les beaux quartiers mais aussi les ruelles sombres des États-Unis, dans un Los Angeles un peu imaginaire et imaginé, à la fois beau et pourri. Un fruit défendu mais gâté, avec des corps sublimes mais des yeux avides, crépusculaires, et une atmosphère pesante, voire glauque. Le désir joue avec le rejet, tant certains personnages ou situations peuvent désarmer, dans un sens comme dans l’autre.

© Dupuis

Plutôt attractif et prometteur, The Dream montre les prémices et les méandres d’une belle série, mais doit maintenant confirmer sans tomber dans les excès d’un érotisme exacerbé. En attendant, laissez-vous intriguer et emporter par le rêve...