Le 31 mai 2016
Prenant place dans un cadre exotique, The Door n’en demeure pas moins perclus d’imperfections rappelant, encore une fois, les dérives du cinéma d’horreur.
- Réalisateur : Johannes Roberts
- Acteurs : Jeremy Sisto, Sarah Wayne Callies
- Genre : Épouvante-horreur
- Nationalité : Indien, Britannique
- Durée : 1h36mn
- Titre original : The Other Side of the Door
- Âge : Interdit aux moins de 12 ans
- Date de sortie : 1er juin 2016
L'a vu
Veut le voir
Produit par Alexandre Aja, The Door s’écarte rapidement des concepts personnels qu’il pouvait développer pour mieux s’enliser dans un conformisme affligeant.
L’argument : Une famille américaine mène une paisible existence en Inde jusqu’à ce qu’un accident tragique prenne la vie de leur jeune fils. La mère, inconsolable, apprend qu’un rituel antique peut lui permettre de lui faire un dernier adieu. Elle voyage alors jusqu’à un ancien temple, où se trouve une porte qui sépare le monde des vivants et celui des morts. Mais quand elle désobéit à l’avertissement sacré de ne jamais ouvrir cette porte, elle bouleverse alors l’équilibre entre les deux mondes.
Notre avis : Réaliser un film n’est pas une tâche aisée, nul ne saurait affirmer le contraire. Dès lors, relever en quelques lignes les tares de The Door pourrait paraître excessivement arbitraire… mais force est de constater que sous couvert de l’exploitation de thématiques aussi pesantes que le deuil parental et/ou la difficile assimilation des codes d’une culture étrangère, le dernier long-métrage de Johannes Roberts est larvé d’imperfections agaçantes, évocatrices des artifices lamentables dont se pare le cinéma d’horreur depuis plusieurs années.
Ce qui est d’autant plus regrettable, c’est que malgré sa profusion de défauts, l’œuvre jouit de quelques pistes scénaristiques intéressantes (de l’intensité émotionnelle de son sujet à l’exploitation du folklore indien, en passant par des réminiscences de l’impérialisme) et d’une photographie offrant une série de plans éthérés, couplée à une direction artistique honorable. Hélas, ces qualités sont pondérées par une écriture désespérément grossière, donnant vie à une secte de hindous cannibales révérant un dieu de la mort à quatre bras, à des références appuyées au Livre de la jungle (l’auteur, Rudyard Kipling, était un fervent défenseur du colonialisme) et à un dénouement aussi surprenant qu’un galet sur la Côte d’Albâtre. Du reste, le recours cyclique à des jump scares aussi superflus qu’injustifiés achèvera de tourner en ridicule les rares intentions louables du film… Oubliant en une poignée de secondes (bouh !) l’exotisme accordé par le cadre dans lequel il prend place, The Door sombre dans les affres de la banalité et du racolage.
Comme s’il prenait conscience de ses excès de trivialité, Johannes Roberts, sous l’égide (ou le fouet) de ses producteurs, ponctue son long-métrage de séquences pathétiques… dont une, axiale, exposant l’agonie d’un enfant avec la frénésie d’un mauvais blockbuster. Ladite séquence est symptomatique du plus grand vice du film : son incapacité à susciter la moindre empathie. Car passée une phase d’exposition plutôt efficace (il convient de le noter), The Door oscille entre de longs moments de vide (soulignant la vacuité du jeu d’acteurs contraints d’incarner des personnages écrasés par des afflictions semblant dépasser les compétences des auteurs du script), des prises de décisions stupides outrepassant la suspension consentie de l’incrédulité, des instants de tension réemployant sans honte des techniques de mise en scène piochées aléatoirement dans le cinéma de Hideo Nakata (Ring, Dark Water), et un étalage quasi-historique des clichés les plus éculés des films traitant de maisons hantées. Menant à un climax rappelant le Simetierre de Mary Lambert, ces fragments hétérogènes sont articulés par une musique simplement emphatique et par des tentatives impromptues de faire sursauter le spectateur… qui le sortent plus de la fiction qu’autre chose. En résulte une œuvre ni émouvante, ni effrayante, ni même divertissante, qui suscitera au mieux de l’indifférence et au pire de l’agacement. The Door ne parvient jamais à trouver un équilibre entre le drame et la terreur, et se noie dans l’outrance d’une telle façon qu’il désamorce le moindre de ses effets. En somme, il n’est qu’une énième production horrifique, mollasse et générée par des intentions bassement lucratives. Voilà qui est plus déplorable encore que la dépression du personnage de Sarah Wayne Callies…
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.