Poison doucereux
Le 7 avril 2007
Un film-suicide qui se détruit, se mutile avec une extrême violence et une choquante beauté.
- Réalisateur : Vincent Gallo
- Acteurs : Chloë Sevigny, Vincent Gallo
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain, Français
- Festival : Festival de Cannes 2003
– Durée : 1h 30mn
– Interdit aux moins de 16 ans
Un film-suicide qui se détruit, se mutile avec une extrême violence et une choquante beauté.
L’argument : Bud erre, roule sur des routes sans fin, fume, se douche, dort, pleure, croise le chemin de prostituées... Et semble traîner son ennui. Transcendance du néant ? Vide intersidéral dans un concentré de provocation ? Non : portrait morose d’un homme à la recherche de son amour perdu.
Notre avis : Après Irréversible, formidable hymne à l’amour qui retourne la tête et bouleverse à chaque instant volé, voici The brown bunny, le nouveau "scandale de Cannes" qui, comme le brûlot de Gaspar Noé, provoque des réactions controversées voire haineuses. A tel point que ceux qui osent défendre ce long métrage se trouvent taxés d’élitistes adeptes de la branlette cérébrale. Or, à bien y regarder, le film, sincère et audacieux, vaut mieux que sa simple polémique.
Aimer ou détester The brown bunny revient quasiment au même. La question n’est pas là. Cette œuvre baigne dans une telle mélancolie et un tel désespoir qu’elle reste hermétique à tout jugement critique. Elle n’a comme seule arme que sa viscérale tristesse. Le trajet est chaotique : c’est volontairement lent, dur, stressant à force de statisme, pénible. Mais, lors d’un éclair final, presque salvateur, on saisit toute la complexité du drame : le film devient la mise en abîme d’un homme dont la vie est brisée à tout jamais et dont l’esprit (le film, décrépissant, instable, en est le reflet) a été saboté par un incident tragique. The brown bunny n’est pas un film tape-à-l’œil mais un film-suicide : il se détruit, se mutile avec une extrême violence et une choquante beauté, refuse le compromis et ne s’ouvre pas au monde. Sans doute parce qu’il n’en a plus envie.
Désemparé et seul, le protagoniste doit rompre avec la femme qu’il aime depuis toujours et que la moindre incartade ou le simple regard d’une autre (sublime passage sur l’aire d’autoroute) ne pourra jamais remplacer. Sorte de cousin bâtard d’Irréversible, avec lequel il partage ce même amalgame de provocation autiste et d’humanité bouleversante, ce film poignant sur la panne des êtres autopsie le spleen dans ce qu’il a de plus terriblement universel. Cet élixir, précieux à une heure de standardisation extrême, agit comme un poison doucereux. Plus on y repense, plus il prend de la valeur.
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Definitely-Maybe 16 août 2009
The brown bunny
The Brown Bunny est un film réussi. Vincent Gallo met en scène un homme brisé dont la solitude n’est plus un choix. La violence visuelle m’apparait ici comme indispensable, montrant la souffrance intérieure que vit le personnage principal.