Le 14 avril 2015
Un exercice de style charmeur, énergique, mais qui manque de densité.


- Réalisateur : Jim McBride
- Acteurs : Dennis Quaid, John Goodman, Ellen Barkin, Ned Beatty, Lisa Jane Persky
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Sidonis Calysta
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 24 juin 1987

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– Sortie DVD : 7 avril 2015
– Grand prix du jury du festival du film policier de Cognac
Ce néo-polar est un exercice de style charmeur, énergique, mais manque de densité.
Un exercice de style charmeur, énergique, mais qui manque de densité.
L’argument : Une nouvelle guerre des gangs éclate à la Nouvelle-Orléans, avec un meurtre pour de la drogue. Le lieutenant McSwain, aidé de l’assistante du procureur, prend l’affaire en main. Mais lorsque les ennuis arrivent, elle ne fait rien pour le sortir d’affaire, jusqu’à ce qu’ils comprennent, tous les deux, qu’ils ont besoin l’un de l’autre pour sauver leur peau.
Notre avis : Quelque temps après À bout de souffle made in USA, Jim McBride a réalisé ce curieux néo-polar, sorti en France sous un titre assez grotesque, Le flic de mon cœur. Néo-polar, puisqu’il ne s’agit plus d’imiter les films noirs des années 40, mais de jouer avec des codes multiples selon un principe de distanciation, aussi amusant que daté. Certes, The Big Easy a du charme, et du charme à revendre. C’est même sans doute ce qui a séduit à l’époque : des comédiens énergiques et « cools », un regard quasi-parodique sur une intrigue convenue à la base, un décor inhabituel, une Nouvelle-Orléans à la fois typique et originale.
Si elle avait été traitée « sérieusement », l’histoire aurait pu déboucher sur un film très sombre, avec ce flic play-boy insouciant qui découvre que son entourage le plus proche trempe dans une affaire de corruption. On imagine sans mal ce qu’un Ferrara en aurait fait, un récit tragique et glauque de rédemption. Mais le traitement de McBride est plus proche de la screwball comedy, et le couple vedette rappelle, par exemple Madame porte la culotte, avec dialogues spirituels et conflits sentimentaux. On retrouve même des procédés typiques, tels que la prétérition (Anne dit qu’elle ne va pas vomir … et le plan suivant la montre à genoux devant la cuvette des WC) ou les ruptures de ton. Les deux comédiens jouent à fond le décalage, jusqu’aux mimiques caricaturales (voir la scène du tribunal). La belle énergie qu’ils déploient trouve un écrin particulier par une recherche très eighties sur la lumière et la composition des plans. Ce travail esthétisant comme l’humour omniprésent font que l’intrigue passe pendant un long moment au second plan. Les « méchants » comme les victimes de meurtres sont anecdotiques, essentiellement réduits à des noms dans les dialogues. On est d’ailleurs surpris par le manque d’action, et la manière de la traiter : la poursuite comme la séquence finale semblent droit sorties d’une série télévisée des années 80.
Car l’important n’est pas là ; le titre nous donne une clé majeure : The Big Easy, c’est la Nouvelle-Orléans, et McBride met un point d’honneur à la filmer loin des clichés prévisibles. De la luminosité aux bals cajuns, des fanfares aux beaux plans nocturnes, on est toujours séduit, et surpris, par des choix de mise en scène originaux qui concourent à un détachement par rapport au scénario. Mais, disons-le, c’est aussi la limite du film, bel exercice de style, dénué d’enjeu dramatique ou d’émotion.
Les suppléments :
Patrick Brion (7 minutes 30) et François Guérif (14 minutes) reviennent sur la carrière étrange du réalisateur et abordent le style du film, en des interventions toujours passionnantes. Une galerie de photos plutôt médiocre complète les bonus.
L’image :
La copie présentée respecte le travail sur les couleurs et les éclairages, même si quleques plans contiennent de légers parasites.
Le son :
Les deux pistes Dolby Digital 2.0 ont été remarquablement restaurées : dans un film où la musique joue un tel rôle, on est ravi d’entendre un son clair, aéré et puissant. Mais la VF nous prive du travail sur les accents.