Les monologues de l’assassin
Le 27 octobre 2004
Une critique sociale qui manque d’épaisseur. Sean Penn en fait des tonnes.
- Réalisateur : Niels Mueller
- Acteurs : Sean Penn, Naomi Watts, Don Cheadle
- Genre : Drame
- Nationalité : Américain
- Editeur vidéo : Fox Pathé Europa
- Festival : Festival de Cannes 2004
– Durée : 1h35mn
Portrait d’un homme brisé dans l’Amérique des années 1970. Une critique sociale qui manque d’épaisseur. Sean Penn en fait des tonnes.
L’argument : Etats-Unis, 1974. Sam Bicke est un loser. En instance de divorce, accroché à un job minable, incapable de s’affirmer, il tente de monter un projet d’entreprise voué à l’échec. Face à sa propre déchéance et au silence de la société qui l’entoure, il décide de faire payer le premier des Américains : son président, Richard Nixon.
Notre avis : The assassination of Richard Nixon est avant tout le portrait d’un homme, et à travers lui, d’une Amérique des petites gens, perdue, accablée par les mensonges de ses hommes d’État, ici Nixon. L’Américain moyen est personnifié et caricaturé sous les traits de Sam Bicke, piètre vendeur de bureaux, abandonné par sa femme, minable, timide, à la limite de l’autisme. Pour l’incarner, Sean Penn monopolise l’écran, et rejoue son rôle d’idiot de I am Sam, ajoutant une couche de violence. Cabotin à l’excès, pas coiffé, hésitant, bégayant, il surjoue son personnage. Ses monologues, en voix off, caricaturaux (le fou parle tout seul...), plombent le récit de ce premier film, pourtant servi par un beau casting (Naomi Watts et Don Cheadle, de passage, mais très bons).
Niels Mueller, visiblement fasciné par son acteur principal, en oublie son film. Une heure durant, il montre la chute lente et pathétique de Sam Bicke vers la folie. Mais, surtout, il filme sous tous les angles Sean Penn, avec ou sans moustache, déprimé, ambitieux, amoureux, etc.
The assassination of Richard Nixon prend alors des airs narcissiques et se complaît dans la dépression. Cette torpeur, cette lenteur qui auraient pu faire le charme du film, être le signe d’une maîtrise, trahissent en fait le manque d’épaisseur du propos de Niels Mueller, qui prend une heure et demie pour ne dire qu’une chose : la société américaine va mal, laisse tomber les plus faibles, et en fait des fous.
Jusque dans ce propos, The assassination of Richard Nixon se perd. Sam Bicke, paranoïaque, inconscient des réalités de la société qui l’entoure, va élaborer un plan, minable encore une fois, d’assassinat du Président. Le point de vue que garde alors le réalisateur sur cet homme, certes victime, mais aussi meurtrier en puissance - particulièrement dans la scène finale, du plus mauvais goût - est ambigu. Fasciné et distant à la fois. Fasciné par le personnage ; loin de cette critique de la société qu’il aurait voulu faire.
Au final, ne reste de The assassination of Richard Nixon que la performance lourde et envahissante de Sean Penn, et une vague sensation d’ennui, de vide. On regarde tomber cet homme sans sourciller, persuadé de son caractère superficiel, et donc insensibles à sa "cause".
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alinea 6 avril 2007
The assassination of Richard Nixon
Conte de la folie ordinaire... ou quand la somme de petites frustrations quotidiennes conduisent à un "pétage de plombs". Film engagé dans la spirale de la vengeance incontrôlée, c’est fort. Le film est un peu lent mais le thème, la performance de S. Penn et la fin valent l’attente. On en sort pas forcément avec la pêche mais ça donne à réfléchir ! Si votre femme vous a quittée, que votre patron vous humilie et que votre boulot ne vous plaît pas, si vos amis ne comprennent rien à vos rêves et si votre banquier vous ignore... allez donc plutôt à la foire et évitez le film pour l’instant...