Le 5 mai 2020
Guillaume Nicloux signe un film décalé sur la fin de vie, sur la vieillesse, sur la foi, sur la superstition, sur la résurrection des corps et les passions de l’âme qui accompagnent tous ses mouvements. Enthousiasmant au sens étymologique de "transport divin".
- Réalisateur : Guillaume Nicloux
- Acteurs : Gérard Depardieu, Michel Houellebecq
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Wild Bunch Distribution
- Durée : 1h33mn
- Date télé : 5 mai 2020 22:40
- Chaîne : Canal +
- Date de sortie : 21 août 2019
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Résumé : Cinq années ont passé depuis {L’Enlèvement de Michel Houellebecq}. Michel et Gérard Depardieu se rencontrent en cure de thalasso à Cabourg. Ils tentent ensemble de survivre au régime de santé que l’établissement entend leur imposer. Alors que Michel est toujours en contact avec ses anciens ravisseurs, des événements imprévus viennent perturber leur programme…
Critique Les professionnels du corps sont aux petits soins : Michel Houellebecq et Gérard Depardieu ne trouvent pas grand chose à leur dire mais le hasard de leur rencontre fait mouche. Entre eux, immédiatement, c’est une complicité de « vieux routards », de « vieilles canailles » qui doivent autant au modèle de Laurel et Hardy qu’à celui d’Astérix et Obélix voire de Don Quichotte et Sancho Panza.
C’est dire combien l’histoire est ancienne et sans cesse renouvelée, renouvelable, recyclable devrait-on dire… Puisqu’il s’agit bien de ça... La thalasso, ses rites, ses valeurs, ses exigences, ça se mérite. Dans un sidérant renversement des représentations et des rapports de force, les deux stars sont mis au pas de la norme suprême de la diététique, de l’hygiénisme et de l’aseptisation de l’existence. Une existence dans laquelle Houellebecq se plaît à rêver que la mort est une illusion et que, comme l’écrivait André Bazin sur le cinéma, il s’agit de momifier son corps pour l’éternité.
- © Wild Bunch Distribution
On a l’éternité qu’on mérite. Cette interrogation sur l’esthétique de la plastique physique du corps est bien inspirée dès lors qu’il s’agit de mettre en image différemment, de mettre à nu les corps de monstres sacrés tels que Sylvester Stallone. Ces miracles de la médecine et de la science laissent à penser qu’on peut refuser, contourner, rencontrer la mort et passer son chemin sans s’y arrêter. Cette course en avant autorise le rêve d’une jeunesse éternelle qui paraît possible au prix du renoncement à une jouissance « épicurienne » et hédoniste de la vie.
- © Wild Bunch Distribution
Michel et Gérard ne sont ni tout à fait de taille pour lutter contre ce carcan, ni vraiment soumis à lui… Tels des chenapans immatures, ils se cachent pour fumer dans leur chambre, sur leur balcon, puis dans le parc, comme si leurs espaces de confort et de liberté se réduisaient en peau de chagrin et surtout les excluaient… Ni sédentaires, ni nomades, les compères s’évadent autrement. Par exemple, Depardieu écoute avec un silence gêné un scénariste aux idées délirantes et inconfortables dont le diagnostic est incertain. Houellebecq rêve tout haut qu’il a été kidnappé pour ne pas pouvoir se présenter aux présidentielles. Ils évoquent leurs faiblesses, usures, fragilités et se confrontent à une réalité dont ils sont sensés être protégés dans de telles institutions…Le cinéaste décortique son obsession des « institutions totales » analysées en leur temps par le sociologue de l’interaction américain Erwing Goffman. Avec son adaptation du livre brûlot de Denis Diderot La Religieuse Nicloux affine cette peinture au vitriol de divers types de conditions de réclusion et de la question des consentements, des libres arbitres et des volontés qui animent les mouvements de ses personnages.
Regardez le générique jusqu’au bout et vous comprendrez combien cette vacuité de la recherche de l’éternité, sinécures et autres élixirs de jeunesse tourne en dérision notre société du spectacle.
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