Le 30 octobre 2022
Passé inaperçu à sa sortie ce film de Damien Leone (aucun lien avec Sergio...) est devenu culte au fil des ans parmi les fans de l’horreur et du gore.
- Réalisateur : Damien Leone
- Acteurs : Jenna Kanell, Samantha Scaffidi, David Howard Thornton, Catherine Corcoran, Pooya Mohseni
- Genre : Thriller, Épouvante-horreur, Slasher
- Nationalité : Américain
- Durée : 1h22mn
- Âge : Interdit aux moins de 16 ans
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– Année de production : 2016
Résumé : La nuit d’Halloween, deux femmes croisent la route de Art the Clown, un tueur sadique.
Critique : Tourné en 2016, avec un budget ridicule (cent-mille dollars), Terrifier est la version longue d’un court métrage de 2013. Passé inaperçu à sa sortie (en salles aux États-Unis et directement en VOD en Europe), ce film de Damien Leone (aucun lien avec Sergio...) est devenu culte au fil des ans parmi les fans de l’horreur et du gore.
Bien entendu, les éléments évoqués ci-dessus jouent sur la qualité de l’œuvre. Le scénario minimaliste, le jeu approximatif de certains acteurs, la sensation d’étirement et de remplissage par moments (avec certains personnages totalement inutiles) : tout cela sent bon la série B fauchée et mal foutue. Et pourtant, il ne faut pas s’y tromper, Terrifier est un film intéressant, bourré de qualités, et dont le personnage principal (Art the Clown) marque les esprits pour longtemps.
Malgré cette histoire qui tient sur deux lignes (le propre des films de slasher après tout), la construction, toute en montée progressive de l’horreur, est suffisamment intelligente pour accrocher le spectateur et ce dès sa scène d’introduction.
Deux jeunes filles, Dawn et Tara, sortent d’une soirée un peu éméchées, tardent à prendre la voiture, tergiversent sur l’attitude à adopter et décident finalement d’aller se restaurer. Un laps de temps nécessaire pour qu’Art the Clown les repère, elles et le véhicule, avant de les suivre dans la pizzeria.
Damien Leone prend son temps, jouant à la fois sur la crédibilité de la situation et l’étrangeté de l’apparition d’un clown en pleine rue, dans le milieu de la nuit. En insistant sur l’ambiguïté de cet être amusant mais dont la présence est totalement incongrue à ce moment-là, il fait ressortir le malaise de nos deux jeunes filles, qui oscillent entre le rire et l’angoisse. Le long échange de regards entre Tara et le clown dans le restaurant, filmé en un simple champ-contrechamp, est à cet égard remarquable, notamment dans cette façon qu’a ce dernier d’alterner immobilité inquiétante et gestuelle clownesque.
- © 2016 Dark Age Cinema
La suite est évidente : enfin prêtes à repartir, elles constatent qu’une de leurs roues est crevée, les immobilisant pour un long moment au beau milieu de la nuit. Le décor est planté, le massacre peut enfin commencer. À ce stade, le film, tout en empruntant les chemins balisés du film d’horreur (Leone a bien intégré ses classiques, y compris dans la musique très carpenterienne), démontre de réelles qualités.
D’abord, dans le choix d’un décor original, sorte de bâtiment à l’abandon, à mi-chemin entre l’immeuble et l’entrepôt, rempli de carcasses de voitures et de machines-outils. L’ambiance y est poisseuse et glauque, comme une représentation de l’enfer (dans la droite ligne du repaire de Freddy dans Les griffes de la nuit de Wes Craven).
Ensuite, force est de constater que Leone s’en sort plutôt bien en termes de mise en scène, malgré l’absence de moyens. Le travail sur la profondeur de champ est assez remarquable, alternant les couleurs vives en frontal et le noir profond en arrière-plan. Et, évidemment, là où le film tire vraiment son épingle du jeu, c’est dans les scènes gore. Il y a bien sûr la variété des méthodes de meurtre, que Leone filme de manière directe, sans affèterie : découpage à la scie, énucléation, coups de marteau, balles de révolver... Art the Clown ne recule devant rien pour satisfaire sa folie sanguinaire.
Mais c’est dans le travail sur les effets spéciaux que le film touche vraiment au but, avec l’utilisation de procédés à l’ancienne (latex, maquillage et fausse hémoglobine - Leone a débuté comme maquilleur et technicien -) qui donne aux scènes gore la distance nécessaire pour éviter la complaisance.
- © 2016 Dark Age Cinema
Enfin, Terrifier crée incontestablement un boogeyman d’anthologie, à la fois angoissant et grotesque, terrifiant et pathétique : chaque apparition engendre ainsi le malaise. Avec son jeu ultra théâtral façon mime Marceau, David Howard Thornton, qui semble littéralement habité par son rôle, offre une prestation déjantée, dont les mouvements et les "chorégraphies" rappellent ceux du Joker de Todd Philips avec Joachin Phoenix.
C’est d’ailleurs grâce à ce personnage que Terrifier se distingue des vulgaires torture porn de type Saw et que Art the Clown est en passe de devenir, depuis Terrifier 2 qui sort sur les écrans français en décembre, la nouvelle icône du cinéma d’horreur.
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