Double faute
Le 20 avril 2015
Premier film très sobre et sérieux, dénonciateur mais pas provocateur. Terre battue fait dans la nuance et ne cherche pas à couper le souffle, il donne à voir, c’est tout.
- Réalisateur : Stéphane Demoustier
- Acteurs : Olivier Gourmet, Valeria Bruni Tedeschi, Charles Mérienne
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Editeur vidéo : Diaphana Édition Vidéo
- Durée : 1h35mn
- Date de sortie : 17 décembre 2014
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– Sortie DVD : le 15 avril 2015
Premier film très sobre et sérieux, dénonciateur mais pas provocateur. Terre battue fait dans la nuance et ne cherche pas à couper le souffle, il donne à voir, c’est tout.
L’argument : Résolu à ne plus travailler pour d’autres, Jérôme cherche à monter sa société coûte que coûte, et ce malgré les réticences de Laura, sa femme. Ugo, leur fils de 11 ans, joue au tennis et veut devenir champion. Pour cela, il lui faut intégrer le centre national d’entraînement, à Roland Garros. Comme son père, il est prêt à tout pour arriver à ses fins. Ensemble, Ugo et Jérôme vont apprendre qu’on ne peut pas contourner toutes les règles pour réussir.
© Les Films Velvet
Notre avis : D’un réalisme effarant, ce premier long-métrage du réalisateur laisse peu de place à l’imaginaire du spectateur, tout de suite embarqué dans cet univers pesant, qui déborde de vraisemblance. Très terre à terre que le film ne laisse aucun répit et présente deux destins croisés (père/fils) peu reluisants. Jérôme, le père, vient d’être licencié et tente de monter sa société à tout prix, au point de ne plus voir ce qui se passe autour de lui. Obnubilé par son projet, il ne voit pas sa femme s’éloigner et se retrouve bien vite seul. Ugo, le fils, joue au tennis et souhaite intégrer le centre national d’entraînement à Roland Garros. Formant un duo qui s’épaule et avance en miroir, le père et le fils nourrissent une ambition qui les amène à repousser les limites et dépasser les règles du jeu.
D’une manière très brutale, sans fioritures, le film met en avant les failles de la société moderne, une société dans laquelle les hommes doivent être prêts à tout pour atteindre leurs objectifs. Le parallèle établi entre le tennis et le monde professionnel attire l’attention sur une triste réalité : au-delà du sport, la vie entière est une compétition. S’il a un côté autobiographique - Stéphane Demoustier a pratiqué le tennis à haut niveau - le film prend néanmoins sa source dans un fait divers qui avait marqué le réalisateur. En effet, quelques années plus tôt, un père avait mis un somnifère dans la bouteille d’eau de plusieurs adversaires de son fils, pour qu’il gagne, et l’un d’entre eux était mort.
© Les Films Velvet
Terre battue est typiquement un film de fond, proche du documentaire. Le sujet est intéressant, en phase avec les questionnements actuels et propice à la réflexion. Cependant, il est regrettable que l’esthétique du long-métrage soit si froide et si peu originale. Quant aux personnages, ils ont peu d’épaisseur psychologique et laissent de marbre. On a du mal à s’attacher à eux, ils donnent l’impression de n’être que des corps vides, tant l’accent est mis sur leur situation et non sur leur individualité. Si le père suscite parfois quelques élans de compassion et amuse par son comportement souvent très gamin, le fils paraît hermétique et n’est mis en valeur que grâce à son activité sportive, sans laquelle il ne serait plus rien. La mère, quant à elle, est quasiment absente - totalement effacée derrière ce couple père/fils - et occupe une place dérisoire, exclue des enjeux fondamentaux. Les sentiments sont peu mis à l’avant et le film semble ainsi peu humain.
L’idée est bonne ; le parallèle entre la situation du père et celle du fils est subtil mais ne va pas au bout des choses, il reste des zones d’ombres, qui auraient mérité d’être éclaircies. Par exemple, on comprend difficilement cette passion de Jérôme pour la grande distribution et lorsqu’on le voit s’émerveiller à la vue d’un parking de supermarché, la situation est risible. De même, on a l’impression que la passion d’Ugo pour le tennis arrive soudainement de nulle part. Finalement, Terre battue interroge et alerte pendant le visionnage mais ne reste pas dans les esprits, une fois l’écran éteint. L’effet produit demeure éphémère.
LE TEST DVD
Une édition peu convaincante du point de vue technique, mais qui présente tout de même des suppléments intéressants.
Les suppléments :
D’abord une sélection de sept scènes coupées (20mn) avec commentaire audio du réalisateur disponible. Si les scènes coupées ont parfois un intérêt relatif, celles-ci sont au contraire importantes et intéressantes. Elles permettent de comprendre des éléments seulement ébauchés dans Terre battue et mettent en scène des discussions qui rendent le film plus humain. Ces scènes explicitent réellement ce qui n’est pas assez creusé dans le film et il est bien dommage qu’elles aient été laissées de côté. Un court-métrage réalisé par Stéphane Demoustier, intitulé Les Petits joueurs (40mn), se présente sous la forme d’un reportage qui retrace le parcours de trois garçons de la Ligue de Guyenne, pendant le Championnat de France interligues à Blois. La caméra suit le quotidien de ces protagonistes, des entraînements aux matches, en passant par les discussions avec l’entraîneur. On trouve enfin la bande-annonce du film et les crédits vidéo.
L’image :
Une image correcte, malgré un manque de détails épidermiques et une approximation d’informations liés au support qui nous fait regretter l’absence de blu-ray. On aurait souhaité que le travail de restitution de l’image soit plus subtil.
Le son :
Deux pistes son proposées : une VF 2.0 et une VF 5.1, avec option audiodescription pour aveugles et malvoyants proposée, ainsi que le sous-titrage français pour sourds et malentendants. Le mixage 5.1 est correct, mais se limite à quelques échanges de balles, la spatialisation étant très limitée.
Galerie Photos
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