Le 31 mai 2016
Un film inégal, sauvé par la performance de Raimu et quelques répliques qui font mouche.
- Réalisateur : Raymond Bernard
- Acteurs : Raimu, Jean d’Yd, Fernand Charpin, Paul Ollivier, Sinoël
- Genre : Comédie, Noir et blanc
- Nationalité : Français
- Distributeur : Pathé Distribution
- Durée : 1h45mn
- Date de sortie : 10 novembre 1934
L'a vu
Veut le voir
– Sortie Blu-ray : le 1 juin 2016
Un film inégal, sauvé par la performance de Raimu et quelques répliques qui font mouche.
L’argument : Tartarin est un bourgeois fanfaron et robuste qui vit à Tarascon, sa réputation repose sur des récits de voyages et d’aventures, plus ou moins inventés. Il se voit alors obligé de quitter son pays et rejoindre l’Afrique pour y chasser le fauve afin d’impressionner son entourage. Là-bas, il vivra des aventures dignes d’un Don Quichotte !
Notre avis : Dans la filmographie de Raymond Bernard, Tartarin de Tarascon vient après Les Croix de bois (1932) et Les Misérables (1933), deux chefs-d’œuvre indiscutables. Autant dire qu’on tombe de haut avec cette joyeuse pochade. Non d’ailleurs que le film soit indigne, moins que beaucoup d’autres de sa fin de carrière : il y a encore ici matière à réjouissance, mais l’ambition s’est étiolée. On est loin de la puissance d’évocation des métrages pré-cités ou du Miracle des loups (1924).
Dialogues de Pagnol, adaptation de Daudet, musique de Darius Milhaud, Raimu en vedette : on est dans la production de prestige. Mais le livre lui-même n’est pas d’une richesse incomparable et Raymond Bernard semble paralysé par le comédien ; sa mise en scène vise surtout à le mettre en valeur, beaucoup plus qu’à transcender (mais était-ce possible ?) un scénario passable. Le film se présente comme une juxtaposition de séquences inégales presque closes sur elle-mêmes, et si quelques-unes ont mal vieilli, d’autres amusent encore : la chasse à la casquette ou le « duo » de Robert le Diable sont par exemple des moments truculents. Les scènes à Tarascon sont plus réussies en général, et l’exotisme algérien ainsi que l’histoire secondaire pâtissent d’un manque de rythme certain. Quelques détails attirent encore l’œil, comme la caisse de pharmacie lors de l’expédition, mais cette seconde partie est assez laborieuse.
Qu’est-ce qui retient alors notre attention, malgré ces évidents défauts ? D’abord les dialogues de Pagnol : les répliques, même si elles ont parfois tendance à rendre le film statique, sont savoureuses et on sourit régulièrement des échanges de la petite communauté. Et, surtout, c’est par les comédiens que Tartarin tient encore le coup, comme témoignage d’une époque : bien sûr, Raimu se taille, si l’on ose dire, la part du lion ; en hâbleur aussi bavard que couard, il cabotine avec génie, en fait toujours trop, en accord parfait avec le personnage. Présent à presque chaque plan, il invente perpétuellement, de la fausse modestie à l’abattement, se composant une improbable démarche, modulant sa voix, détachant les mots, au point que Tartarin se confond aujourd’hui encore avec lui (Francis Blanche, qui tourna la même histoire en 1962, n’a pas laissé la même trace). Il ne faudrait pour autant pas oublier les autres comédiens, dont de nombreux fidèles de Pagnol, qui composent une galerie pittoresque destinée à valoriser la vedette, et qui pourtant parviennent à faire exister des personnages à peine esquissés.
Les suppléments :
Un simple documentaire sur Raimu, Le plus grand acteur du monde d’après Orson Welles, qui entrecroise des regards professionnels ou familiaux. Ces 18 minutes sont centrées sur le lien entre le comédien et Marcel Pagnol. Rien de palpitant, mais les images d’archives permettent de voir Raymond Bernard, Pagnol ou Blavette, ce qui n’est pas rien. Et le film s’achève sur le vibrant et émouvant hommage de l’auteur à son acteur fétiche.
L’image :
Une restauration magnifique qui révèle les contrastes et les nuances du noir et blanc. La présence d’un léger grain et quelques plans plus ternes ne gâchent pas notre satisfaction devant ce beau travail.
Le son :
De rares saturations, mais là encore le travail de restauration est de toute beauté : les dialogues retrouvent leur vigueur et sont parfaitement audibles.
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.