Le 15 décembre 2020
La déchéance d’un animateur ringard de jeu radiophonique, inspiré de Lucien Jeunesse. La comédie dramatique de Leconte se laisse regarder, même si le scénario n’est pas follement original.
- Réalisateur : Patrice Leconte
- Acteurs : Jean Rochefort, Gérard Jugnot, Jean-Claude Dreyfus, Julie Jézéquel, Albert Delpy, Marie Pillet, Sylvie Granotier
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : AMLF Distribution
- Durée : 1h30mn
- Date télé : 1er octobre 2022 21:00
- Chaîne : OCS Géants
- Date de sortie : 17 novembre 1987
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Résumé : Rien moins que vingt-cinq ans que Rivetot s’occupe de l’intendance, celle de Mortez, la star de "la Langue au chat", jeu radiophonique. Cela fait des années que Rivetot les conduit sur la route de ville en ville dans un éternel break Ford, des années qu’ils prennent une chambre a deux lits dans des hôtels miteux, des années que Rivetot porte les valises, installe les micros, les câbles, sélectionne les candidats, chauffe la foule. Et quand Rivetot apprend que "la Langue au chat" va etre supprimée, il n’en dit mot a Mortez. Que faire ?
Critique : La voix éraillée de Richard Cocciante accompagne une caméra qui, d’abord désaxée, récupère la perspective d’une longue route. Tandem sera donc un road movie, bien loin du divertissement façon blockbuster signé par Patrice Leconte, deux ans auparavant, Les Spécialistes. Mortez et son fidèle Rivetot sillonnent la province hexagonale pour animer une émission qui évoque furieusement le mythique "Jeu des mille francs". Dès les premières minutes, c’est la théâtralité des acteurs qui s’impose, sans doute parce qu’au-delà de la relation entre ces deux pauvres hères, Leconte a en tête le duo Don Quichotte/Sancho Pança. À travers ces voyages sans fin, peuplés de situations absurdes (un chien rouge qu’on a cru apercevoir, un dîner insupportable qui transforme l’animateur en invité), d’hôtels invariablement tristes, de salles polyvalentes minables, d’auditeurs de l’émission à la fois lourdauds et extatiques, de conversation tantôt oiseuses, tantôt obsessionnelles, le film documente deux solitudes qui semblent contraintes par les circonstances, mais savent aussi se confier leurs souvenirs.
Rivetot ne cesse de rattraper les erreurs de son patron qui plastronne comme un roi sans trône. Mais il demeure fidèle et, comme pour tous les valets soumis à leur maître, il lui est bien difficile d’envisager son existence de manière autonome, puisqu’il l’a sacrifiée. Quant à l’émission, furieusement ringardisée par la mise en scène, elle fait rapidement l’objet d’un nœud, dans un schéma narratif somme toute prévisible, qui introduit une inégalité entre les protagonistes. En effet, Rivetot apprend une nouvelle qu’il décide de cacher à son compagnon d’infortune : la suppression de l’émission "La Langue au chat".
À travers un personnage plutôt excessif, évoquant un clown fini qui peut rappeler Les Feux de la rampe, Rochefort s’avère convaincant, même s’il force quand même la dose en ce qui concerne l’ostentation (dans la perspective d’obtenir un César ?). A ses côtés, Jugnot incarne son premier vrai rôle dramatique, à peu près à la même période que son ancien comparse du Splendid, Michel Blanc. Sans être scénaristiquement formidable, Tandem se laisse regarder.
Ce portrait plutôt acide, témoignage d’une époque révolue - une émission de radio fédérant les provinces - ne convainquit pas le regretté Lucien Jeunesse, qui prit ombrage du minable Mortez et refusa même de rencontrer Jean Rochefort quelques années après la sortie du long métrage. Sacrée rancune, quand tu nous tiens...
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