Le 1er novembre 2018


- Scénariste : Marion ACHARD>
- Dessinateur : Yann DEGRUEL
- Collection : Hors collection
- Genre : Drame, Chronique sociale
- Famille : BD Franco-belge
- Date de sortie : 22 août 2018
Récit d’un thème récalcitrant : les enfants guerriers.
Résumé : Quelque part en Afrique, de nos jours. Tamba a 16 ans, il est jugé pour ses crimes, qu’il a effectivement commis des années auparavant, lorsqu’il était un enfant soldat. Depuis le raid sur son village jusqu’aux camps de réfugiés, il va raconter son histoire, faite de violences et d’absences, celle de trop d’enfants de par le monde.
Les statistiques sont une chose, la réalité en est une autre. Il y aura toujours trop d’enfants soldats, mais le nombre de centaines de milliers a de quoi effrayer, écœurer. Pourtant, ils existent, et si Tamba est bien une œuvre de fiction, son sujet alarmant et désarmant est toujours d’actualité. La vie de ce jeune garçon, coupable d’exactions immondes, drogué avant d’avoir dix ans, qui va de pair avec celui d’une petite fille, violée et brisée par la même barbarie, est racontée comme une plaidoirie qui met le lecteur dans une situation inconfortable, celle d l’ignorance et de la passivité. Blood diamond avait apporté un regard américain sur le commerce des diamants et ses répercussions sur les hommes, femmes et enfants d’un continent où trop souvent la misère appelle la violence comme réaction. Tamba propose une vision pénétrante, notamment avec l’évocation du camp de réfugiés, ce lieu hors du temps, où pourtant la dignité de retrouve. Les coups et l’abus de la force sont finalement évoqués implicitement, le récit dispose d’une relative sérénité, voire même d’une certaine sagesse, bien allégorisée par le personnage du vieillard attendrissant. Le pardon, la résilience et l’envie d’évoluer traversent le livre malgré les écueils, mais lui permettent de toucher au mieux tous les publics, et notamment les enfants, qui pourront envisager beaucoup avec cet album en forme de témoignage.
© Delcourt
Vivant, le dessin n’oublie cependant pas de s’arrêter sur un paysage magnifique, un instant crucial ou un visage suppliant. Les couleurs ne sont pas chatoyantes, les planches ne sont pas non plus pleines de sang, il y a plutôt un entre deux plaisant, ni sombre ni multicolore, sans explosions ni effusions, mais une belle timidité appréciable pour le bon déroulé de l’histoire. Vif malgré quelques plans contemplatifs, le dessin n’est pas dans l’action pure, mais ne se veut en aucun cas roman graphique épuré, c’est plutôt une belle fresque qui s’étale à travers les pages.
© Delcourt
Sans poudre aux yeux, Tamba l’enfant soldat n’en ouvre pas moins les mirettes de son lecteur sur une abomination. Mais son style et son message lui assurent de pouvoir attirer le regard du plus grand nombre. Un album à montrer et à lire en entier.
112 pages - 18,95€