Local hero
Le 13 avril 2007
Un film ambigu, mais qui se regarde pourtant avec plaisir.


- Réalisateur : Ashutosh Gowariker
- Acteurs : Shah Rukh Khan, Gayatri Joshi, Rajesh Vivek
- Genre : Comédie dramatique, Musical
- Nationalité : Indien

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– Durée : 3h30mn
– Titre original : Swades
– Le site du film
Un film ambigu, mais qui se regarde pourtant avec plaisir.
L’argument : Une situation brillante à la NASA, un passeport américain fraîchement acquis, Mohan symbolise la réussite. Mais, son bonheur est assombri par la pensée de sa vieille nourrice, qui l’a élevé comme une deuxième mère et qui se morfond dans une maison de retraite ! Mohan prend alors quelques jours de vacances pour aller chercher sa nounou, juste le temps de faire l’aller-retour. Mais dans ce village oublié de tous, il trouvera l’amour et le vrai sens des valeurs de la vraie vie et de l’Inde traditionnelle qu’il n’aurait jamais dû quitter !
Notre avis : Il y a trois ans, Ashutosh Gowariker créait l’événement avec Lagaan, balayant du même coup toutes les idées reçues qui s’attachaient à un cinéma indien folklorique, fait de films fleuves mythologiques nullement adaptés à un public non initié.
Aujourd’hui, Bollywood a ses adeptes, ses inconditionnels, autant dire que la sortie de Swades est un petit événement et Shah Rukh Khan en tête d’affiche suffisait à remplir les salles !
Si Ashutosh Gowariker réussit un film assez tendre, parfois drôle, assumant un propos avoué qui est de rendre justice au peuple oublié de l’Inde, femmes, intouchables, petites gens que le moindre revers de fortune peut anéantir, le traitement, en revanche laisse un sentiment désagréable de propagande mal digérée. Certes, la jeune femme refuse le mari qu’on lui propose, certes, le héros ouvre l’école aux enfants d’intouchables, certes, l’Inde de demain a besoin de toutes ses forces vives, mais on a parfois l’impression d’une leçon trop bien apprise. L’Inde serait donc appelée à devenir un paradis merveilleux où tout le monde vivrait ensemble dans un bonheur absolu ? Le réalisateur s’embourbe dans une démonstration épaisse qui tendrait à prouver les bienfaits d’une tradition bien comprise, débarrassée des scories réactionnaires et rétrogrades. Quand on parle de tradition, il est toujours malaisé d’en extraire un discours progressiste et social. Bien sûr que l’idéal serait de respecter cette tradition millénaire en la faisant évoluer, mais les images elles-mêmes démentent le propos et montrent une société cloisonnée, rigide, nullement prête à en finir avec un système qui repose sur l’inégalité sociale.
Swades se regarde avec plaisir et c’est toute son ambiguïté. L’Inde est en pleine mutation et le discours d’Ashutosh Gowariker va aussi dans le sens de la politique nationale. Mais il lui aurait sans doute fallu plus de détermination dans sa critique du système, plus d’implication pour en faire un film militant. Il reste une fresque esthétique et tendre, un conte de fées auquel on ne croit pas une seconde.