Le 12 mai 2021
Si le sujet a été maintes fois évoqué sur les écrans, le film s’attache à retracer le parcours spirituel de seniors, en quête de renouveau existentiel. Un point de vue intéressant, dont la forme cinématographique, assez classique, parvient à rendre compte du parcours émotionnel et spirituel des marcheurs.
- Réalisateurs : Fergus Grady - Noel Smyth
- Acteurs : Cheryl Stone, Julie Zarifeh, Claude Tranchant, Sue Morris
- Nationalité : Néo-zélandais, Australien
- Distributeur : L’Atelier Distribution
- Durée : 1h20mn
- Reprise: 19 mai 2021
- Titre original : Camino Skies
- Date de sortie : 9 septembre 2020
Résumé : Six "pèlerins" se lancent sur le chemin de Compostelle, long de 900 kilomètres entre la France et l’Espagne. Certains entreprennent le voyage pour la première fois, d’autres non, mais tous savent que la route sera longue et parfois difficile mais aussi généreuse en rencontres et en émotions. Comment conserver la motivation face aux nombreuses péripéties qui les attendent sur le Camino ? Ce chemin initiatique et spirituel, celui de la vie, permet à chacun de se révéler ... Une histoire de gens ordinaires réalisant un périple extraordinaire, Ultréïa !
Critique : La vie les a malmenés. Pour certains, il s’agit de la maladie, pour d’autres du décès d’un conjoint ou d’un enfant et pire, des deux à la fois. Ils se retrouvent sur la route de Compostelle, pour revenir à l’essentiel d’eux-mêmes et recouvrer l’énergie qui a failli dans leur existence. Ils se racontent à la fois sur les routes de pierres et de sables vers Compostelle, et sur les routes de leur vie, jonchées de ruptures, de maladies, et de souffrance. On se dit alors que le destin tragique qui s’est abattu sur ces gens pourrait être le nôtre, permettant une identification aisée entre le spectateur et les personnages du documentaire. En réalité, Sur les chemins de Compostelle relate un récit de guérison physique et psychologique de six pèlerins, bien plus que la description d’une expérience sportive et spirituelle.
- Copyright L’Atelier distribution, 2020
La route est parsemée de points d’arrêt, qu’il s’agisse des auberges où le groupe dort et se restaure, des églises, chapelles ou statues qui rappellent le symbolisme religieux du pèlerinage, que des sanctuaires de fortune dressés par des marcheurs de passage, en souvenir d’un proche décédé. Ils allument des bougies, demeurent dans l’immobilité d’une prière, et ils confient de nouveau les brutalités que la vie leur inflige. D’autres se posent pour pleurer et on perçoit sur les visages les tourments de la douleur corporelle et morale. Des musiciens espagnols accompagnent les 500 kilomètres de marche et les paysages s’ouvrent à eux, comme à chaque fois des occasions d’interroger le sens de leur existence.
- Copyright L’Atelier distribution, 2020
Le documentaire souffre de deux défauts assez importants. Le premier concerne la façon dont les scènes de vie entre les protagonistes sont filmées. En effet, le propos a tendance à sombrer dans le risque du voyeurisme, à l’instar des télé-réalités sur le petit écran, toutes proportions gardées. L’autre défaut demeure l’écriture du scénario elle-même, somme toute très, voire trop classique. On assiste au parcours des pèlerins depuis le premier jour jusque l’arrivée à Compostelle, où l’on pressent dès les minutes inaugurales du film que les réalisateurs montreront certes les efforts physiques fournis et le découragement, mais surtout le dépassement de soi et des fantômes qui hantent leur vie. Le risque alors est de faire croire au spectateur qu’il suffit de s’engager sur un tel chemin pour que la détresse des vies s’efface au bénéfice d’un renouveau initiatique. On peut imaginer d’ailleurs que la caméra qui les accompagne a autant compté dans leur parcours spirituel que la mise en route elle-même sur le chemin de Compostelle. La fin en rajoute de manière très emblématique, lestant cette épreuve salvatrice d’un excès de romantisme.
- Copyright L’Atelier distribution, 2020
Mais il est difficile de juger ces gens qui se donnent entièrement au regard des deux cinéastes. Ils se confient sans détour et la douleur qui les étreint est palpable à chaque instant de leur périple sur les routes. Le film touchera les spectateurs en quête de sens. Il donnera des envies à certains, pour dépasser leur douleur en s’engageant et surtout en donnant l’espoir que même le pire peut déboucher sur un bout de lumière ou l’énergie majestueuse d’un océan.
Test DVD/Bluray
Incontestablement, le DVD est à l’image du film : une lumière et une photographie soignée qui s’accommode parfaitement au format de la télévision. Les personnages en deuil exposés dans le film revivent dans ce récit où ils semblent rentrer dans l’intimité même du domicile du spectateur. Le son est très agréable. La musique ne couvre pas les dialogues et donne au film une tonalité spirituelle. Les paysages les regards semblent en phase avec le rythme particulièrement apaisants du documentaire. Le clou du DVD demeure le bonus qui montre le Chemin de Compostelle vu depuis le ciel. La musique très belle, déjà entendue pendant le film, prend le pas sur le témoignage des spectateurs dans un spectacle proche de l’enchantement.
Galerie Photos
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andre casseron 23 août 2020
Sur la route de Compostelle - la critique du film et du DVD
Un film plein d’humanité qui fait écho en chacun de nous dans l’émotion et la sympathie.
La qualité des images, la richesse du montage et l’accompagnement subtil de la musique font de ce film un chef d’œuvre.
Ce film nous invite à un autre regard sur ce chemin que nous avons parcouru les uns et les autres,
ou que nous projetons d’accomplir.
La thématique de ce long documentaire nous suggère une lecture à plusieurs niveaux, pour dégager
largement le message que nous livrent Noël Smyth et Fergus Grady, ces deux jeunes réalisateurs
néo-zélandais.
« La bonne direction, c’est celle qui vous permet de continuer à marcher ! » Ce préambule qui
s’affiche à nos yeux, donne le ton et est complété par les propos du « prêtre-religieux » ; celui-ci
donne le sens et la motivation de la marche : Où allons-nous et pourquoi nous nous mettons en
chemin ? Ce chemin est comme le chemin de la Vie, avec ses hauts et ses bas, ses montées et ses
descentes. Il est chemin de vie.
Il faut regarder les 1ères images de ces marcheurs qui déambulent en file « indienne » – ombres sur
le mur de maisons aux pierres sèches et aux portes closes –, et les mettre en lien avec celles de la
dernière séquence ; ils arrivent de tous les chemins, dans un paysage luxuriant, les uns à côté des
autres et se dirigent vers le but qu’ils s’étaient fixé : Santiago ! Ils sont partis vers une destination
lointaine que nous montrent ces magnifiques « premiers plans », large horizon au soleil levant ; et
ils retrouveront cette place de Santiago inondée de soleil et d’amitié dans les embrassades. Que s’est-il passé ?
Cette longue marche se décline en trois étapes comme le dira l’un de nos marcheurs : celle de l’épreuve, celle de l’intériorité et celle du spirituel. Elle est connaissance de soi et de ses capacités physiques, elle est période de recherche dans la rencontre avec les autres (il est difficile d’en faire l’économie) - ceux qui marchent à côté de moi, et elle est ce temps d’élévation pour trouver un sens au chemin qu’il me reste à vivre.