Sputnik Espèce inconnue - Egor Abramenko - Critique & test DVD

Critique : Pour son premier long-métrage, Egor Abramenko fait preuve d’un savoir-faire indéniable. Son Sputnik a tout pour surprendre agréablement son spectateur. Pourtant, ce dernier a de quoi être méfiant à la lecture d’un synopsis qui présage d’un film vu mille fois, d’un genre aux écueils d’habitude si nombreux. Pourtant, Abramenko construit sa réussite étape par étape. Il embarque l’audience dans une production dotée d’une belle direction artistique, et un récit qui revendique une crédibilité scientifique intéressante.

Les moyens engagés dans la production sautent aux yeux, avec des décors et des costumes parfaitement réussis, et un rendu visuel de grande qualité, appuyé par la photo de Maxim Zhukov, qui a de quoi glacer les esprits les plus chaleureux. Dans cette quête de qualité visuelle, le travail opéré sur le design de la créature qui préoccupe notre équipe de scientifiques est impeccable. Ce qui s’apparente trop souvent à une forme numérique mal gérée donne ici un monstre qui semble véritablement faire face aux héros. L’effet est impeccable à l’œil nu, à défaut d’être original. Mais parfois il faut savoir faire bien avant d’essayer absolument de se démarquer, et ce pourrait être le leitmotiv du film.

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Sur le plan de l’écriture et de la cohérence scientifique, sans être un cours magistral, le film s’attache à décrire des réactions crédibles face à l’inconnu, loin des personnages trop souvent bâclés ou mal abordés, voire totalement idiots. Sputnik est plutôt rigoureux et parvient à intégrer des méthodes scientifiques au récit de manière assez habile. Par exemple, la psychologue Tatiana agit clairement comme un médecin agirait dans ces circonstances. Du moins l’imagine-t-on aisément, lorsque l’on sait ce qu’implique la démarche scientifique. Elle observe, elle analyse, elle prend un minimum de précautions.

Elle est loin de ces personnages dont on constate que l’intelligence est détruite par le rayonnement cosmique. Ce sont ceux eux qui s’aventurent parfois sur une planète inconnue sans casque, ou prennent des décisions totalement impulsives, sans avoir collecté de données en amont. Si bien qu’avec cette relative rigueur qui a quelques limites (Tatiana se confronte bien vite à la bête, mais cela a le mérite d’être justifié par ses observations antérieures), le film ne demande pas au spectateur une suspension d’incrédulité trop importante. Au passage, Sputnik ne se retient pas de lancer quelques piques à un monde scientifique, historiquement très rétif à l’idée de laisser la femme prendre sa part.

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Plus intéressant encore, le scénario enchaîne des rebondissements le plus souvent surprenants, et offre un panel de personnages assez raisonnés. Il parvient également à dresser des conflits pertinents qui permettent de questionner notre rapport à la vie autant qu’à l’autorité. Dans un divertissement grand public, il n’est pas inutile de rappeler que c’est possible, et que cela augmente sensiblement son intérêt. Sputnik aborde aussi la question politique, sans éviter quelques caricatures et poncifs regrettables. Car oui, la psychologue Tatiana demeure incroyablement perspicace, ce qui est pratique pour faire avancer le récit, et le militaire en charge de la base secrète peine à dépasser le statut de méchant borné et assez limité. Le film n’est cependant jamais trop lourd, et maintient son spectateur en alerte permanente.

Surtout, le mystère est prenant et ne s’essouffle jamais, surtout pas lors d’un dernier acte qui répond plutôt habilement aux attentes, grâce notamment à des acteurs inspirés. Ils participent à la création d’une vraie tension, accentuée par la composition efficace, quoiqu’un peu grandiloquente, de Oleg Karpachev.

En définitive, il reste assez peu à reprocher au film, qui remplit son contrat sans marquer l’histoire du cinéma, mais en proposant un spectacle de belle qualité.

L’image

Rien à redire quant à la qualité de l’image, qui relève de ce qu’on peut espérer de mieux sur DVD. L’atmosphère angoissante de Sputnik est servie par cette belle édition.

Le son

Le son, lui non plus, n’a à souffrir d’aucune critique majeure, et le travail sonore efficace est rendue avec justice, notamment les grands "coups" aux teintes électro de Oleg Karpachev.

Les suppléments

On regrettera amèrement que les suppléments soient absents de l’édition, car on aurait été curieux de découvrir les coulisses de la création du monstre, par exemple, ou encore la préparation des décors qui a dû être impressionnante...