Souvenirs de Marnie - la critique du film

Critique : Après une année 2014 bien chargée pour le studio Ghibli, qui sortaient en France deux films d’animation marquants et de haute facture - Le Vent se lève, immanquable car annoncé comme la dernière œuvre du génial Hayao Miyazaki, et Le Conte de la princesse Kaguya, véritable bijou poétique réalisé par Isao Takahata -, 2015 semble être l’occasion de montrer au monde entier que le studio japonais a toujours de l’énergie et des récits fantastiques à revendre. C’est dans ce contexte que nous est proposé Souvenirs de Marnie, un conte moderne - adapté du roman de Joan G. Robinson, When Marnie Was There - suivant les pas d’Anna, jeune fille solitaire et au mal-être grandissant se retrouvant confrontée à un mystère dont la résolution sera la clé de son histoire personnelle.

© The Walt Disney Company France

Emprunt de thèmes que l’on retrouve en psychanalyse, à savoir l’exploration de soi-même par le rêve et l’imaginaire pour comprendre son passé tout en expliquant son mal-être présent, ainsi que la sublimation par l’art, le scénario, parfois assez elliptique, s’organise comme une énigme - mais qui est donc Marnie ? - que le spectateur est invité à résoudre en même temps que l’héroïne. Malheureusement, le long-métrage ressemble très rapidement à un puzzle qui tarde à se mettre en place mais dont le spectateur imagine déjà l’image générale malgré les pièces manquantes. C’est donc avec une certaine impatience que l’on voit à l’écran les tâtonnements d’Anna pour découvrir la vérité. Éclipsée par le personnage solaire de Marnie, Anna se retrouve reléguée au second plan, subissant en quelque sorte les initiatives prises par sa nouvelle amie. Anna, loin d’être antipathique, peine donc à provoquer l’empathie chez le spectateur et les ressorts dramatiques de l’intrigue perdent de leur poids.

© The Walt Disney Company France

La part de magie que l’on attendait dans Souvenirs de Marnie, surtout dans le cadre d’un scénario à caractère fantastique, se fait discrète et l’on ne se laisse emporter par la beauté de l’image que lors de quelques scènes, parmi lesquelles les belles séquences de nuit sur le lac. Malgré les couleurs chatoyantes et les paysages minutieusement et admirablement bien réalisés, le dessin des personnages reste sans relief. On retrouve ici un trait qui ne prend pas de risque et reste dans sa zone de confort pour offrir un long-métrage d’animation capable de toucher le plus grand nombre. Souvenir de Marnie ne sera donc peut-être pas le film qui assurera l’avenir du studio et l’on attend déjà le prochain long-métrage d’animation.