Sonora . T.1 . La Vengeance - La chronique BD

Au milieu du XIXème siècle, la fièvre de l’or s’est emparée de la côte Ouest des récents États-Unis. Pour arriver jusqu’à Californie, on quitte les continents et on laisse son passé derrière soi. Ce n’est pas le cas de Maximilien Bonnot, ancien révolutionnaire français, qui cherche à apaiser sa soif de vengeance. Pour parvenir à son but, il faudra se montrer aussi rapide d’esprit que pour dégainer, car les dangers guettent partout dans cette terre sans foi ni loi... Western plus baguette que spaghetti, Sonora se lance dans le Far West avec un accent frenchy, et surtout une dimension historique assumée et précise. Cette volonté farouche d’exactitude se retrouve par exemple dès le début dans l’utilisation d’un vocabulaire d’époque, qui interpelle directement le lecteur. Du coup, comme les références à la révolution de 1848 sont nettes, l’influence de Victor Hugo pèse dans cette nouvelle série. De fait, ce que raconte ce premier tome de Sonora, c’est la petite Histoire, celle des renégats et des oubliés, des mauvais bougres et des êtres en quête de rédemption, pas loin des Misérables, mais transposés au Nouveau Monde. La ruée vers l’or prend donc une tournure à la fois épique, avec des duels, des références historiques de personnages et de dates, et aussi réaliste, avec des lieux sales et sordides, une anarchie latente symbolisée par les arrivées de prostituées dans un monde qui manque de femmes, mais pas de criminels. Une histoire de vengeance qui démarre tambour battant, après une sorte de prologue en Amérique du Sud, mais qui s’inscrit vite sur le sol américain.

© Delcourt

Le dessin est propre, sans fioritures, avec une Californie sale, ocre et poussiéreuse, des personnages en haillons davantage qu’en uniformes, mais un souci particulier pour les armes. Là encore, force historique oblige, les colts sont impeccables, et les décors inédits, avec ce San Francisco bien loin des standards de la baie que l’on connaît maintenant. L’angle français permet de voyager entre Paris et San Francisco, mais aussi de montrer l’enchevêtrement de nationalités qui cohabitent à ce moment là, et donc de rendre de manière fidèle ce melting pot de misère et d’espoir.

© Delcourt

Far West dépoussiéré malgré sa poussière réaliste sur les bottes des personnages, Sonora inaugure une série qui s’annonce très prometteuse . Un héros jeune mais déterminé, un personnage secondaire prêt à basculer, un méchant terrible, une femme piégée et piégeuse, les ingrédients sont nombreux et bien dosés pour concocter une bande dessinée de cowboys comme on les aime.