Solo pour une blonde - La critique

Critique : Mickey Spillane, auteur du roman original The Girl Hunters dont est tiré Solo pour une blonde, incarne Mike Hammer, le héros de ses romans policiers. L’homme, calculateur, séducteur et quelque peu hargneux, s’intéresse de près à la mort d’un sénateur et se lance à la poursuite d’une belle blonde, interprétée par Shirley Eaton (James Bond Girl de Goldfinger). L’intrigue en soit importe peu ; Mike Hammer est le sujet même de ce long-métrage de 1963. Policier passionné par son métier, le héros est pourtant en perpétuel questionnement, déchiré entre ses démons personnels (il est un alcoolique patenté) et sa volonté de résoudre les énigmes qui se présentent à lui. Solo pour une blonde fonctionne d’ailleurs entièrement sur cette dichotomie. Il ne fait pas l’ombre d’un doute que la blonde du titre est bien plus dangereuse qu’elle n’y paraît. Mais Hammer, bien que conscient de la menace qu’elle représente, ne cache pas son désir à son égard - ce que les nombreuses sorties de la belle en maillot de bain ne manquent pas de souligner.

Cette dualité propre à ce héros atypique se retrouve dans la mise en scène de Roy Rowland. Le cinéaste aime manifestement ses personnages qu’il met toujours au centre de ses cadrages, afin qu’ils soient l’unique objet de l’attention du spectateur. Paradoxalement, les déplacements des héros ne sont que peu soulignés, la caméra étant souvent comme figée et les travellings trop rares. Cette pesanteur ambiante permet par ailleurs de souligner l’univers dans lequel évolue le bien bourru Mickey Spillane : le New York des gangs et des mafieux où personne n’est à l’abri d’un coup bas ou d’une dénonciation. Ainsi, dans la pure tradition du film noir, Roy Rowland suggère à chaque instant le danger qui rôde. Alors, en quête du moindre indice laissant (peut-être) deviner les intentions du policier, le spectateur entre dans la peau de celui-ci et, il faut bien l’avouer, se laisse prendre au jeu.